La sixième Maison
La marche vers la maison suivante se déroula pratiquement sans incident. Mike savait de façon certaine qu’on le suivait. Même s’il n’avait pas peur, il se tenait sur ses gardes. Il pouvait en fait sentir l’énergie sombre de l’entité qui le suivant à courte distance. Il ne l’avait pas sentie auparavant. C’était arrivé soudainement. Michael Thomas avait-il reçu un nouveau don, un sixième sens ? Il était convaincu de l’existence de cette énergie. Comment était-ce possible ? Quelle était cette chose ? Que voulait-elle ? Pourquoi ne se manifestait-elle pas ? Pourquoi le suivait-elle tout le temps ?
Mike se rappelait la tempête et comment la sombre créature avait surgi de sa cachette pour l’attaquer au moment om il était très vulnérable avant de disparaître quand l’éclair, avait frappé. L’entité avait-elle peur de Michal ? Dans ce cas, il n’avait rien à craindre. Il lui suffisait simplement de garder le fantôme à distance durant le trajet qu’il lui restait à parcourir vers les deux dernières maisons.
Cependant, Mike sentait intuitivement qu’l aurait probablement un moment d’affrontement avec la sinistre chose qui le suivait d’une maison à l’autre. Rouge avait déjà laissé entendre une telle possibilité et la nouvelle intuition de Mike lui faisait appréhender la même chose. Sois prudent, Mike ! entendait-il encore et encore à ce sujet. Son esprit lui parlait… vraiment ? Il commençait à réaliser que les voix des anges se mêlaient en quelque sorte à la sienne. C’est ainsi qu’il recevait des conseils sur son voyage. Tout était si nouveau.
Et poursuivant sa route, il aperçut la chose à deux reprises en jetant un coup d’œil derrière lui. Au moins, c’est à que se trouvait l’entité. Michael pensa que si elle était brillante, elle le devancerait durant son étape menant de la sixième à la septième maison. Mieux voudrait surveiller ça, lui murmura une voix à l’esprit. Mike sortit sa carte pour vérifier si la sombre entité dégageait une énergie qui y figurerait. La carte était normale, montrant tout ce qui se trouvait à deux cents mètres du point rouge VOUS ETES ICI. Mike se retourna pour voir s’où veniat le mouvement qu’il avait senti et constata que la chose se tenait en dehors des limites de la carte, donc assez loin. Il ne faudrait pas oublier cet élément d’information précieux. Mike trouva la maison blanche en début d’après-midi. Elle était petite et toute simple, comme les autres. Il s’approcha, cherchant du regard la pancarte qui lui indiquerait ce qu’il y apprendrait. Sa curiosité fut bientôt satisfaite : il se tenait devant la MAISON DE L’AMOUR. Etrange. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Il avait trouvé de l’amour dans chacune des maisons. Il avait visité la Maison des relations et en plus, il trouvait sur son chemin une maison consacrée à l’amour.
Il se dirigea vers la porte d’entrée. Aucun ange ne vint l’accueillir. Il chercha l’endroit réservé aux chaussures et le trouve rapidement. Mike se demanda s’il devait attendre un ange blanc mais il décida d’enlever ses souliers et de pénétrer dans la maison. Il fut envahi par l’odeur de fleurs ! Il se rappelait avoir ressenti quelque chose de semblable. Il se tenait dans le hall d’entrée menant à une vaste pièce blanche et indéfinie. Il s’engagea plus avant dans la maison jusqu’à ce qu’il atteigne un grand espace blanc. Il avait déjà vu cette place : c’était là qu’il avait eu sa première vision ! Tout à coup, le grand ange blanc déjà rencontré dans sa vision se trouva devant lui.
- Salut à toi Michael Thomas de l’Intention pure ! Nous voici de nouveau face à face.
L’ange arborait un sourire radieux et… quelle voix ! Mike était ravi de le revoir. La superbe qualité de ses vêtements le frappa une fois de plus. L’ange semblait se fondre dans la maison. Mike reconnu immédiatement que Blanc était différent des autres. Il flottait ! Les autres marchaient. Blanc avait une contenance qui lui conférait presque une distinction divine plus élevée, si la chose était possible. Les autres anges qu’il avait rencontrés étaient devenus ses amis, ses frères. Celui-ci était plutôt comme un prêtre. Il irradiait ! Mike sentait qu’il ne fallait pas le toucher et que son énergie était immense. Les nouvelles forces intuitives de Mike le servaient bien.
- Tu as un visage cette fois, lui dit Mike en clignant de l’œil. Il se souvenait que tous ses traits étaient flous la dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés.
- Et oui, et c’est parce que tu ‘es rendu jusqu’ici que tu peux les voir. Tu as bien réussi, Mickael. Ta vibration est plus élevée que celle de tous les humains qui sont passés ici avant toi. Ton nom affiche déjà des couleurs qui en témoignent, des couleurs que tu conserveras, peu importe ton degré de succès ici, que tu te rendes à la prochaine maison ou non.
Tiens, encore cette insinuation. Voulait-on le prévenir qu’il ne réussirait pas ? Est-ce qu’on en doutait ? Rouge lui avait laissé entendre la même chose, avait supposé que peut-être, il flancherait dans les derniers moments de son périple sacré. Qu’est-ce qui l’attendait de si ardu ?
- C’est dans cette maison que ton désir de poursuivre sera mis à l’épreuve, dit Blanc, qui captait l’énergie de Mike. Les apparences sont parfois trompeuses. Sers-toi de cette phrase comme guide et tu réussiras ce qui t’attend.
Mike se tenait devant l’ange qui avait exprimé cette idée le premier, une idée qui s’était révélées si vraie ! Elle le prévenait contre les suppositions, le mettait en garde et l’aiderait. Mike souhaitait mieux connaître Blanc.
- Blanc, tu es différent.
- Oui, Michael. Je le SUIS. Tu es dans la Maison de l’amour. Elle vient au dixième rang de la pureté dans toutes les maisons que tu auras visitées. Ce n’est pas une maison de formation comme les autres. Elle est la source des maisons. Elle est le centre.
- Mais, elle est la sixième ou la septième d’une série de maisons ! s’exclama Mike.
- C’est que les apparences sont parfois trompeuses, dit l’ange en souriant. Crois-moi, elle est le centre. La disposition des maisons ne sert qu’à ton enseignement ; elle ne fait que se conformer à des exigences humaines.
Mike voulus aussitôt en savoir plus sur la maison.
- Que va-t-il se passer ici ?
- La révélation.
L’ange flotta plus près de Mike. Quel beau visage il avait ! Il servait sûrement à témoigner de l’amour. Magnifique, frappant et si paisible. Blanc continua à répondre aux questions.
- Une percée au pays des choix. Un réexamen de tout ce qui est. Un autre changement de vibration, si tu le désires.
- Qui es-tu vraiment ? Tu n’es pas seulement l’ange blanc de la sixième maison, j’en suis certain.
- Je SUIS connu de tous, Michael Thomas, et parce que je suis connu de tous, j’existe.
C’était la même réponse que Mike avait reçue la première fois qu’il avait posé la question. Il n’y comprenait rien.
- Je ne comprends pas vraiment ta réponse, Blanc, mais je suis sûr qu’un jour j’y arriverai. De tous les anges que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant, tu es incontestablement le plus grand.
Mike était sincère. Il commençait à réaliser que l’entité devant lui portait une importance spirituelle indéniable et une énergie puissante.
- c’est peut-être vrai, mais il y en a un autre encore plus grand que nous tous.
Blanc attendit pendant que Mike réfléchissait à cette phrase. Puis il tourna en flottant, faisant signe à Mike de le suivre. Il le guida à travers un dédale de corridors flous et indescriptibles. Mike ne distinguait aucun détail ! Les pièces et les corridors, dans la mesure où on pouvait vraiment leur attribuer ces noms, aurait pu avoir n’importe quelle forme.
- Est-ce que j’ai des problèmes de vision ? Tout s’entremêle.
- Presque tout ce que tu vois ici appartient à une dimension plus élevée, Michael Thomas, et ton esprit est incapable de bien le percevoir. C’est pourquoi je ne suis pas allé t’accueillir à la porte ; je peux difficilement sortir de la maison car les lois de la physique à l’extérieur n’acceptent pas ma dimension.
Mike savait qu’on l’entraînait sur un terrain de connaissance qui lui est encore inconnu et il ne poursuivit pas le sujet. Blanc le guida vers une porte familière qu’il pouvait distinguer clairement et il lui dit :
- Tes appartements sont à ta mesure. Tu dois y entrer seul. Je t’attendrai ici, demain, après ton petit déjeuner.
Dans toute son élégance, Blanc montrait un sourire radieux, ce qui rendait Mike très à l’aise. Quelque chose dans sa voie portait Mike à vouloir l’entendre encore et encore. Elle était magnifique. Michael se rappela l’impression que lui avait faite son rire la première fois qu’il l’avait entendu. Il aimait sa compagnie.
- dois-tu vraiment partir ?
- Oui, mais je serai là demain matin.
- Tu me manqueras.
Mike avait le sentiment de dire au revoir à un membre de la famille perdu de vue depuis longtemps. Il ne voulait pas vraiment qu’il s’en aille. Il ne pouvait se passer de l’énergie qui circulait entre eux. Le phénomène était hors du commun. Il parvint à la verbaliser en quelques mots dans une question que Blanc avait d’ailleurs devinée.
- Blanc, qu’est-ce que je ressens ? Peux-tu me l’expliquer dans des termes que je pourrais comprendre.
- Non. Mais je vais quand même te répondre.
L’ange magnifique était prêt à répondre à tout, même si ses propos dépassaient l’entendement spirituel de Mike. Il dit :
- Je représente la source de la matière. Mon existence est la raison d’être de l’univers. Je vis sur le plan du paradoxe scientifique le plus élevé qui soit, mais je suis responsable des émotions du cœur humain. Je suis le plus petit fragment de la matière et la plus grande partie de l’univers. Je représente l’ensemble de la lumière. Je suis l’espace entre le noyau de l’atome et la brume de l’électron. Je suis la force la plus puissante de l’univers et la plus grande source d’énergie. Je viens de la plus lointaine et la plus puissante force de l’univers. Je suis le sable du sablier et je suis le centre, là où le temps n’existe pas. Je suis la force créatrice qui permet à la matière de réagir à la conscience. Je suis un miracle. Je SUIS l’amour.
Mike ne comprit rien à ce qui venait de se dire, mais il n’en demeurait pas moins ébahi par le message. Une impression de sacré et de sainteté se dégageait de Blanc. Mike se tenait devant un aspect de Dieu sacré et béni. Il n’était pas devant un professeur, mais devant une personnalité, une célébrité à la voix incomparable. Mike avait d’ailleurs eut la même impression la première fois qu’il l’avait rencontré.
- Merci Blanc, lui dit-il, merci beaucoup.
Blanc regarda longue Mike avant de reprendre la parole. Sa voix soyeuse coula aux oreilles de Mike comme la rosée du matin sur les pétales d’une fleur.
- Tu ne passeras pas beaucoup de temps ici, Michaël Thomas. Demain, je t’expliquerai les quatre attributs de l’amour et je te ferai rencontrer quelqu’un.
A la façon dont le regard de Blanc se posait sur lui, Mike savait que quelque chose d’important se préparait. Il ressentit tout l’amour et la compassion de l’ange. Blanc se retira, laissant Mike sur son appétit ; il aurait voulu entendre cette merveilleuse voix plus longtemps, il aurait voulu plus de connaissances, plus de paix. Mais ce qui se dégageait de Blanc c’était la paix ! Malgré son départ, la paix demeurait. Quelle extraordinaire sensation !
Mika avait oublié la faim qui le tenaillait jusqu’à ce qu’il sente l’odeur de nourriture provenant de la pièce voisine. Comme chaque fois, il déposa rapidement ses effets dans le placard et se rafraîchit avant de passer à table. Après le repas, il dormit mieux qu’il ne l’avait fait de toute sa vie. La qualité de son sommeil surpassa de beaucoup tout ce qu’il avait expérimenté dans les maisons précédentes. Le sentiment de paix était si dense qu’on aurait pu le trancher au couteau. Une sérénité imposante lui apporta un repos profond et complet.
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Lorsque la vilaine entité aux yeux rouges atteignit la maison blanche, elle ne s’arrêta pas pour grimper à un arbre ou se cacher derrière une pierre et faire le guet. Mike venait d’entrer dans la maison et elle savait que son passage devant la demeure serait inaperçu. La sombre créature poursuivit sa route avec son vil but comme guide. Pendant une heure environ, elle se déplaça rapidement sur la route en direction de la maison suivante et trouva la place parfaite pour l’embûche. Elle examina les environs et tenta de voir tous les points de fuite possibles que Michael Thomas pourrait essayer. Puis elle s’installa et commença son attente, revoyant tous les points de son plan. La ruse était parfaite. Michael n’avait aucune chance ; il serait pris par surprise.
Toute personne ayant cheminé sur le sentier au crépuscule de ce soir-là, où la silhouette difforme s’était embusquée, aurait vu un homme seul, debout sous un arbre, se répétant les mêmes mots encore et encore, comme s’il se préparait à faire un discours. En approchant de cette âme, toute simple en apparence, le voyageur aurait vu les traits d’un honnête fermier et entendu la voix d’un père bienveillant, le père de Michael Thomas.
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Mike se réveilla tôt et se prépara. Les appartements qui l’avaient logé étaient semblables à ceux des autres maisons, sauf qu’ils étaient tout blancs. Il avait toujours trouvé que le blanc ton sur ton donnait une allure féminine aux pièces, mais il était en train d e changer d’avis. Ici, le blanc apportait la paix et la sérénité. Dans le placard, il trouve des vêtements blancs et les pantoufles assorties. Il mangea – un délicieux repas d’ailleurs. En plus d’avoir un goût exquis, la nourriture avait une apparence des plus attrayantes. La table avait été dressée sur une nappe blanche et la vaisselle, les verres et même les ustensiles étaient blancs. La couleur des aliments contrastait fortement avec le blanc et donnait l’impression d’un tableau de maître. Mike mangea lentement, se donnant le temps d’admirer l’élégance qui l’entourait. Tout ce blanc lui donnait l’impression d’être dans un château, parmi les membres d’une famille royale.
Après le repas, Mike prit une longue inspiration. Il avait la certitude que le magnifique grand ange blanc l’attendait de l’autre côté de la porte. Qu’allait-il se passer ici ? Si l’amour constituait la plus grande puissance de l’univers et que Mike s’en approchait en augmentant sa vibration, que pouvait-il se produire qui parvienne à l’éloigner du sentier ?
Mike ouvrit la porte et se glissa dans le corridor flou de la maison blanche. Il avait raison. L’ange blanc l’attendait à l’endroit où ils s’étaient séparés la veille.
- Bonjour Michael Thomas, lui dit l’ange d’un ton enjoué. Mike sentit immédiatement l’immensité de l’énergie qui se dégageait de Blanc.
- Bonjour Blanc !
- Es-tu prêt à franchir la prochaine étape ?
- Oui.
Mike aimait l’atmosphère du lieu malgré la légère appréhension qui le tenaillait. Blanc le mena dans une pièce où il pouvait s’asseoir. La pièce ne disposait pas de matériel d’enseignement ni d’écrans ni de diagramme ; ce n’était qu’une salle blanche agrémentée d’un fauteuil où Mike fut invité à s’asseoir. L’ange s’installa devant lui et commença son exposé.
- Michael Thomas de l’Intention pure, je dois te présenter les quatre attributs de l’amour. Lorsque l’amour divin pur transpercera ton être, toutes tes cellules vivront de son intensité. Ta perception se transformera. Ton comportement auprès des autres se modifiera. Ton discernement sera puissant. C’est le fondement de toute la création, mais phénomène curieux, votre langage ne possède qu’un seul mot pour désigner cette réalité. Je veux t’en montrer le fonctionnement. Viens, suis-moi.
L’ange souriait. Mike fut surpris par ce qui suivit. Il pensait avoir tout vu dans les cinq premières maisons, mais tout à coup, l’ange l’amenait en voyage. Dans son fauteuil, il fut projeté dans une réalité interdimensionnelle. Blanc et lui avaient toujours l’air réel mais tout ce qui les entourait avait pris l’apparence d’un rêve. Il était emporté dans un mouvement mais il ne se sentait pas étourdi. La pièce blanche et floue se transforma en une gamme de couleurs et de sons qui évoluaient rapidement devant ses yeux. Toujours dans son fauteuil, Mike fut transporté ailleurs et bien qu’en état de surprise, il n’eut pas peur. Tout était merveilleux !
Peu de temps après, Mike et Blanc atteignirent une « destination » quelconque, choisie par l’ange. Le caractère indistinct de la nouvelle dimension s’estompa soudain et ils se retrouvèrent dans un décor d’hôpital. Mike fut surpris. Il croyait que Blanc l’amenait dans un endroit paradisiaque pour observer l’amour divin. Mais non, il était dans une chambre d’hôpital de dimensions moyennes et un patient était couché sur un lit. Il était branché à de nombreux tubes et Mike s’aperçut qu’il était dans une salle de soins intensifs. Tout était si réel ! Il entendait tout ce qui se passait et sentait l’odeur des produits antiseptiques que les hôpitaux utilisent sur les planchers et les murs. Il avait passé tellement de temps sur une terre spirituelle et sur un sentier sacré que ces bruits et ces odeurs agressaient ses sens et le faisaient tressaillir. C’était à la fois différent et connu. Les deux voyageurs s’installèrent de façon à bien observer ce qui se déroulait dans la chambre. Ils flottaient en quelque sorte dans un coin de la pièce. L’atmosphère était tranquille et Mike était calme. Seuls les sons des différents appareils médicaux se faisaient entendre. Mike regarda partout. L’homme étendu dans le lit était d’un âge avancé. Il avait le visage terreux et l’air très mal en point. Il avait les yeux fermés.
- Qu’est-ce qu’il a, demanda doucement Mike à Blanc, comme si le patient pouvait l’entendre.
- Il est en train de mourir.
Mike allait poser une autre question lorsqu’une femme au début de la quarantaine pénétra dans la chambre, seule. Elle se tint immobile quelques instants, fixant l’homme sur son lit. Mike comprit qu’elle était unique. L’intuition de Mike demeurait alerte malgré ce cadre qui s’apparentait à une vision/
- Qui est-elle ? demanda Mike.
- Elle est la fille de l’homme qui se meurt. Mais ce que tu vas voir la concerne directement. Elle se prénomme Marie et elle a toutes les raisons du monde de détester cet homme.
- Pourquoi devrait-elle détester son père ?
- Parce qu’il a abusé d’elle alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Elle en a gardé des séquelles émotives et physiques. Sa vie en a été ruinée.
Blanc se tut pendant qu’ils regardaient Marie s’approcher du lit. L’ange poursuivit :
Sa mère n’en a jamais rien su parce Marie avait trop peur de lui en parler. Leur relation en a été affectée et Marie a quitté la maison très tôt pour s’éloigner de son père. Sa mère a cru que sa fille s’éloignait d’elle et toutes deux n’ont jamais pu communiquer en tant qu’adultes. Marie n’a jamais rien dit et sa mère est morte en pensant que sa fille ne l’aimait pas.
- C’est terrible. Mike était sincèrement désolé. Il sentait l’injustice de la situation et se sentait triste pour Marie. L’ange regarda Mike, surpris.
- Ils font partie de la même famille, Michaël. Aurais-tu oublié les leçons de la maison rouge ? Mike eut honte.
Non, il n’avait pas oublié, mais c’était la première fois qu’il essayait de relier ce qu’il avait appris à propos de sa propre famille spirituelle à un autre humain. Il comprit que Blanc faisait allusion au fait que le père et la fille étaient liés par un contrat karmique, tout comme ceux qui le liaient à sa propre famille spirituelle.
- Les choses se sont gâtées plus tard. Lorsque Marie a voulu vivre des relations humaines normales et se marier, les souvenir de ses expériences passées avec son père lui gâchèrent sa vie. Elle n’a jamais pu vivre un mariage heureux et avoir des enfants.
Mike soupira et di t :
- Tout un contrat !
Il était touché par la lourdeur de ce qu’avait dû vivre Marie. L’ange jetait un regard d’admiration sur Mike. Il n’avait pas à prononcer une seule parole. C’était sa façon de faire un compliment. Il le savait maintenant.
- Vois-tu, Michael Thomas, que ce qui s’est passé entre Marie et son père constituaient un contrat d’amour incomparable ?
- Oui, je le vois. Mais, en tant qu’humain, c’est un concept que je trouve difficile à comprendre et à accepter.
- C’est ta dualité qui fonctionne ici. En tant qu’être humain, tu ne comprendras peut-être jamais complètement certaines choses et c’est parfaitement normal.
Mike continuait à observer la scène dans la chambre. Marie regardait doucement son père, attendant peut-être qu’il se réveille. Elle déposa certaines de ses choses sur la table de chevet.
- Elle doit le détester horriblement, dit Mike d’une voix à la fois douce et triste.
- Non, Mike, elle l’aime tendrement.
Mike n’en croyait pas ses oreilles.
- Après tout ce qu’il a fait ?
Marie possède des caractéristiques communes aux tiennes et des traits différents aussi. L’ange arrêta et se retourna pour bien voir la réaction de Mike. « Contrairement à toi, elle est sur la terre maintenant mais, comme toi, elle a pleinement pris conscience de tout l’enseignement reçu dans les six premières maisons ».
Mike était éberlué ! Il avait cru que la transformation spirituelle qu’il avait subie n’était accordée qu’aux humains ayant accompli le même périple que lui. Il ne savait que dire. Comment était-ce possible ? L’ange vit l’anxiété et la confusion de Mike et poursuivit :
- Marie a initié sn propre changement de vibration ; elle a mis neuf ans à le faire. Tu as effectué le tien en quelques semaines ! Tu es vraiment unique. Les renseignements que tu as recueillis dans les cinq premières maisons tout comme ceux des deux dernières, circulent sur la terre depuis les temps immémoriaux. Pour qu’un humain les obtienne, il doit prendre conscience de sa dualité et avoir l’intention de découvrir la vérité à propos de son existence. On a beaucoup écrit sur le fonctionnement des choses et il existe plusieurs humains qui enseignent à obtenir cette compréhension.
Mike demeurait calme. Toute cette information était nouvelle et il devait en prendre note lentement pour bien la comprendre. Il commença à s’agiter. S’était-il trompé au moment de la première vision en demandant à Blanc de lui permettre de quitter la terre et de rentrer chez lui ? Il se rendait compte que tout ce qu’il était en train d’apprendre, il aurait pu le faire sans se déplacer.
- Blanc, pourquoi lui a-t-il fallu neuf ans ?
- Elle a obéi à son propre rythme, Michaël, et nous lui en accordons tout le mérite. Elle n’a pas eu, comme toi, l’avantage de recevoir l’enseignement directement des anges. Elle n’a pas eu l’honneur de rencontrer les membres de sa famille face à face comme tu l’as fait. Elle ne connaît pas leurs noms angéliques comme toi. Elle a mis plus de temps parce qu’elle vit toujours dans la vibration trois et dans une énergie inférieure. Voilà pourquoi sa dualité est plus forte et qu’il a fallu plus de temps à sa conscience pour se développer et à l’illumination pour s’installer.
Mika s’assit et regarda Marie. Sa vibration était élevée. Pourtant, elle avait l’air si petite et si délicate.
- Ne te laisse pas tromper par les apparences, Michaël, elles sont parfois trompeuses. L’ange blanc avait encore une fois lu l’énergie de Mike. « Elle est une Guerrière de la Lumière. Elle a vaincu le géant et elle est toute puissante ».
Mike se sentait de plus en plus mal à l’aise. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Il allait le demander lorsque Blanc reprit la parole.
- Michael Thomas de l’Intention pure, nous sommes ici pour regarder cette femme t’enseigner les quatre attributs de l’amour. Mike n’osait pas bouger. Il sentait qu’il allait recevoir une leçon importante. Alors qu’il croyait s’approcher du but, les choses devenaient plus complexes. L’ange poursuivit :
- Soit bien attentif ; elle porte en elle le même pouvoir que moi. Elle comprend l’amour, Michael, et pour cette raison, une partie de moi réside en elle. Il n’y a pas de plus grand pouvoir. Elle a aussi accepté l’insigne d’or.
Mike sut que ce n’était pas le moment de poser d’autres questions. Il regardait pendant que Blanc poursuivait son explication sur ce qui se passait.
- Michael Thomas, le premier attribut de l’amour est celui-ci : l’AMOUR EST SILENCIEUX. Tu vois que Marie est entrée dans la pièce sans tambour ni trompette ? Son père est très malade. Il n e peut se défendre dans sa faiblesse. Toutes les conditions propices à la vengeance sont en place. Marie aurait pu entrer dans la pièce bruyamment et susciter sa peur. Il est conscient de ce qu’il a fait ; il a honte et se sent coupable. Sa vie aussi en a été affectée et il n’a pas su comment régler la situation. Mais il n’a pas le même niveau de connaissance spirituelle qu’elle. Il n’a pas sa puissance. Regarde comme elle est calme, Michael Thomas.
Mike et Blanc observaient la scène en silence. Marie replaça les draps de son père. Elle s’assit près de cet homme frêle et appuya sa tête sur sa poitrine. Mike pouvait ressentir ce qu’elle sentait ! Blanc le permettait. Marie avait une attitude de paix et de sérénité. Aucune pensée aigrie n’habitait son cœur. Elle avait entièrement pardonné à son père et ni son esprit ni son cœur ne gardaient de rancœur ou le sentiment d’être victime de la situation. Quelle femme ! Mike sentait la compassion qu’elle éprouvait pour cet homme qui avait si bien rempli son contrat et qui avait imposé une si forte contrainte à la vie de sa fille. Après un long moment, le père ouvrit les yeux et s’aperçut de sa présence. Elle se leva à son réveil. Ses yeux s’agrandirent et on pouvait y lire la peur et la surprise. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il ne l’avait pas vue depuis des années. Allait-elle l’invectiver, ou pire encore ? Il réagissait car les appareils auxquels on l’avait branché commençaient à indiquer un rythme accéléré.
- Regarde Michael. Tu verras le deuxième attribut de l’amour : L’AMOUR N’A PAS D’EXIGENCES. Elle pourrait tout exiger de son père à l’instant même, car il est faible et se sent coupable. Il est riche ; elle pourrait revendiquer sa richesse, des compensations en raison de ce qu’il a fait ou même simplement lui demander d’admettre à haute voix ses gestes passés. Elle pourrait le menacer, le ruiner, ou les deux. Regarde bien Michael.
Marie plaça sa main sur la tête de son père et lui murmura quelques mots à l’oreille. Aussitôt, le fonctionnement des appareils indiqua un ralentissement. Il soupira et Mike vit des larmes couler de ses yeux.
- Que lui a-t-elle dit, Blanc ?
- Elle a dit : Je t’aime, papa et je te pardonne complètement.
Mike était bouche bée devant le scénario qui se déroulait sous ses yeux. Il se demandait s’il aurait eu la force et la sagesse d’en faire autant dans les mêmes circonstances. Il était rempli d’admiration pour Marie.
- Elle ne lui a rien demandé ?
- Non, Michael, elle se contente tout simplement d’être.
Encore une fois, Mike ressentait les émotions de Marie. Tout le karma entre ces deux êtres était résolu. Elle était libre et accordait en quelque sorte la même liberté à son père sur cet aspect de leur vie à tous les deux. Elle venait de désamorcer un élément qui avait rempli cet homme d’amertume et de culpabilité pendants plus de trente-cinq ans. Son visage en témoignait. Au lieu de chercher vengeance, Marie avait fait un présent à son père. Les larmes coulaient maintenant abondamment sur les joues de ce dernier. Elle se rassit près de lui et encercla de ses bras cet être précieux qui avait été son père puis elle posa de nouveau sa tête sur sa poitrine. Il n’y avait eu aucun échange e paroles; ce n’était pas nécessaire.
- Michael Thomas, le troisième attribut de l’amour est le suivant : L’AMOUR NE S’ENORGUILLIT PAS. Après avoir établi toute la gloire de sa maturité, elle n’a rien à ajouter. Il lui doit beaucoup à cause de cette réconciliation divine, mais elle garde le silence. Elle aurait pu se réjouir de sa puissance et s’enorgueillir de son acte de pardon. Pourtant elle demeure silencieuse. Elle aurait amplement raison de se vanter des neuf années qu’elle a consacrées à atteindre son but, mais elle ne dit rien.
Mike était en admiration devant cette femme. Elle était une guerrière accomplie et percevait des choses que Mike commençait tout juste à apprendre. Et elle était toujours sur la terre ! Quelle vie riche et paisible elle devait connaître ! Tourné vers lui-même, Mike demeurait tout de même ébahi de la scène qu’il venait de voir. Le père n’avait rien à ajouter. Tout avait été pardonné et chacune de ses fibres ressentait une inestimable paix et un immense soulagement. Marie n’avait posé aucun geste spirituel à l’égard de son père. Elle n’avait fait que s’améliorer elle-même, mais il en avait été atteint. C’était là un autre phénomène qui méritait qu’on s’y arrête. Mike savait que ce qu’il venait d’observer portait une signification importante.
Le père regarda longuement sa magnifique fille et ferma doucement les yeux. Son visage s’éclairait d’un sourire de pure paix. Elle lui avait offert le meilleur présent qui soit, au moment opportun. Les appareils de mesure commencèrent à faire entendre des tonalités différentes pour finalement cesser. Mike sut que le père s’en était allé. Les préposés aux soins se précipitèrent à son chevet, mais il n’y avait plus rien à faire. Après s’être agités autour de lui pendant quelques minutes et avoir effectué les derniers gestes, ils lui recouvrirent la tête et le laissèrent seul avec Marie. Blanc s’adresse à Mike encore une fois :
- Michel Thomas, le quatrième attribut de l’amour est le suivant : L’AMOUR A LA SAGESSE D’UTILISER PARFAITEMENT LES TROIS PREMIERS ATTRIBUTS ! Elle a utilisé sa carte intuitive, ce qui lui a permis de se présenter exactement au bon moment. Regarde ce qu’elle fait maintenant.
Mike porta son attention sur ce qui se passait dans la chambre. Marie ne pleurait pas sans retenue la mort de son père. Elle n’était pas envahie par la douleur, même si elle ressentait un amour illimité par cet homme. Elle avait demandé la permission de rester près de lui. Mike la vit poser la main sur la poitrine de l’homme qui avait été son père, la semence de sa propre existence. Elle leva la tète et regarda Blanc et Mike. Elle semblait s’adresser directement à eux. Ils purent entendre sa voix forte pour la première fois.
- Que la terre se rappelle cet homme que j’aime tendrement ! D’une vois assurée, elle poursuivit : « Il est venu accomplir son contrat de façon parfaite. J’accepte son présent ! Célébrez son retour chez lui ».
Marie rebaissa les yeux, prit ses affaires et quitta la pièce. Mike était ébahi devant ce qu’il venait de voir. Il était rempli de l’émotion du moment. Il venait d’être témoin de l’accomplissement et de la conclusion d’un contrat. Et quelle conclusion !
- C’est la sagesse de l’amour qui a permis à Marie de célébrer la mort de son père et non de la pleurer, dit Blanc dans toute sa propre sagesse. Puis il se tourna vers Mike, voulant susciter l’expression de sa réaction.
- Que ressens-tu devant tout ceci, Michael Thomas de l’Intention pure ? Avec une grande patience, Blanc attendit que Mike retrouve ses esprits.
- Je sens, dit Mike en avalant la boule qui lui serrait la gorge, je sens que je viens d’apprendre autant en ces quelques instants et par cette femme frêle, qu’auprès de tous les anges depuis le début de mon voyage.
Prenant conscience de ce qu’il venait de dire, il se sentit ridicule et ajouta :
- Ce n’est pas que je n’apprécie pas… Blanc leva son bras flou pour empêcher Mike de continuer.
- Ta réponse était parfaite, Michael Thomas. Parfaite. C’est l’être humain qui a pu faire la différence. C’est ainsi que doivent être les choses et ainsi qu’elles seront lors des prochaines épreuves.
Puis la scène devin floue et Mike eut encore une fois l’impression qu’il se déplaçait et qu’on le transportait. Ils furent rapidement de retour dans la salle blanche de la maison blanche, là où tout avait commencé. Mike était silencieux.
- As-tu d’autres questions Michael Thomas ? demanda Blanc. Mike réfléchissait sur ce qu’il aurait vraiment souhaité. Il savait ne pas avoir atteint la puissance de Marie. Il savait que même s’il en avait appris beaucoup et avait compris plus en profondeur le fonctionnement des choses, il n’avait rien de la force silencieuse de Marie. Il avait des outils, une carte magique et une importante somme de connaissances. Il avait atteint un niveau vibratoire élevé et vécu de nouvelles expériences, mais il ne possédait pas l’amour de Marie. Il demanda la question magique :
- - puis-je avoir cet amour puissant, Blanc ?
- Si telle est ton intention, Michael Thomas.
- C’est mon intention.
- Michael Thomas de l’Intention pure, aimes-tu Dieu ?
Mike se redressa, se disant que ce devait être la raison pour laquelle tous les anges lui avaient posé la question – pour cet instant précieux, pour qu’il puisse se lever et répondre :
- Oui, j’aime Dieu, dit Mike d’une voix assurée.
- Alors, que ton intention pure crée la puissance.
Mike ne sut pas très bien ce qui se passa ensuite. Il perdit sa conscience d’être humain et rêva… qu’on le transportait quelque part. Il assista à une cérémonie, à une célébration ; on lui remit quelque chose, un présent qui s’intégrerait à sa structure moléculaire. Il vit ses parents de nouveau. Tout était à la fois flou et merveilleux. Lorsqu’il revint à lui, il était dans le lit de sa chambre blanche. C’était le soir et il était épuisé. Il avait l’impression d’avoir vécu une cérémonie d’initiation quelconque. Son esprit était ombragé et il ne parvenait à se concentrer que s’était-il passé ? Il avait besoin de dormir. Il se glissa sous les ouvertures et s’endormit aussitôt. Comme toujours, il dormit profondément.
ppp
Dès son réveil, le lendemain, Mike sut qu’un autre changement biologique s’était produit en lui. Il resta longtemps assis sur le bord de son lit à réfléchir. Il se sentait reposé, en paix, presque rajeuni ! Même s’il lui était difficile de le définir de façon précise, il avait le sentiment d’être plus sage. C’et tout ce qu’il savait et ça brouillait tout. Il ne parvenait pas à chasser de son esprit l’image de marie et de on père. Elle vivait sur la terre et cependant, elle était un être spirituel remarquable. Elle avait accompli de grands changements de vibration et avait la maîtrise de sa vie. Elle était restée là; elle n’avait pas demandé à rentrer chez elle. Elle avait traversé toute l’étendue de la vie terrestre. Lui, il s’y était soustrait ! Avait-il été intègre ? Mike commençait à comprendre que sa nouvelle sagesse le menait à l’introspection d’une façon qu’il n’avait jamais connue auparavant. Bien sûr, il était honnête ; il était probablement l’un des hommes les plus honnêtes qui soient. Sa vie sur la ferme auprès de parents vertueux avait donné des résultats, mais il n’avait encore jamais éprouvé de sentiments tels que ceux qu’il ressentait maintenant. L’honnêteté terrestre ne se comparait en rien à l’honnêteté spirituelle. Celle-ci incluait la sagesse à plusieurs niveaux avant de se transformer en intégrité totale.
Mike saisissait peu à peu ce que Rouge et Blanc avaient voulu dire à propos de son choix de poursuivre la route. Sa nouvelle vision des choses modifiait graduellement son mode de pensée. Empruntait-il la bonne voie ? Y avait-il une quête spirituelle plus élevée que celle qu’il avait entreprise ? Il continua à réfléchir à la question en s’habillant pour le petit déjeuner. Il se promettait de poser des questions bien précises à Blanc. Les murs, les planchers et les corridors présentaient à ses yeux une forme tout à fait définie maintenant. Il vit certains détails pour la première fois. C’était d’une beauté magnifique ! Mais ce n’était pas tout. Il était envahi par le sentiment de pénétrer dans le monde des anges. Il sentait qu’il faisait équipe avec la grande entité blanche. Il avait l’impression d’être une partie de la réalité de Blanc. Il l’aimait beaucoup. Cette simple pensée accéléra sa respiration.
- Ta vision s’est modifiée, Michael Thomas. C’est instauration d’un changement dimensionnel et biologique. C’est le même qua subi Marie. Tu le vis parce que tu l’as souhaité avec une pureté que nous avons rarement vue. Blanc avait parlé avant que Mike ne s’adresse à lui.
- Blanc, j’ai des questions importantes à te poser.
Alors qu’il avait voulu s’exprimer doucement et respectueusement, Mike fut surpris par le son de sa propre voix. Elle était beaucoup plus pleine que d’habitude, ou plus forte, il ne savait trop. Elle était différente en tout cas, d’une manière étrange, et il n’était pas à l’aise devant ce changement. Comme si on abusait de lui. Il était tendu.
- Essaie de te calmer un peu, lui dit l’ange d’un ton rassurant. Qu’est-ce que tu entends quand ma voix te parle ? La paix et l’amour t’ont atteint depuis le début de notre relation. Tu as même posé des questions à ce sujet, tu te souviens ? Ton intention d’avancer peut sembler te priver de biens personnels précieux, mais c’est une étape de ton périple. Rappelle-toi les paroles de Bleu. Il t’a dit que tu étais à l’aise avec ton ancienne vibration et qu’il faudrait du temps pour t’ajuster à la nouvelle. Tu en as fait l’expérience près de la maison d’Orange lorsque tu as été dépouillé de tes biens. Tu as pleuré leur perte, mais elle était nécessaire à ta progression. Puis tu les as oubliés. Hier tu as exprimé l’intention de subir ta plus importante transformation, à la suite de quoi, tu as énormément changé. Tout prend un caractère plus personnel au fur et à mesure du progrès. Ta vue, ta voix et même tes pensées servent tes fins dans une plus vaste mesure. Tu te transformes en Guerrier de la Lumière, comme Marie !
Mike saisissait très bien ce que Blanc lui disait, mais l’information l’amenait à sentir davantage l’urgence de l’interroger sur sa quête spirituelle. Il fit un effort pour ne pas tenir compte du nouveau son étrange de sa voix.
- Merci Blanc, je comprends. Je te suis reconnaissant du présent et je vais m’y habituer, comme je l’ai fait auparavant. Mais j’ai besoin de conseils.
Sachant ce qui préoccupait Mike, Blanc poursuivit :
- Je peux te dire beaucoup de choses et je vais le faire dans toute la mesure du possible. Il existe un domaine qui relève uniquement de ta sagesse. Ton intention t’a accordé le pouvoir de choisir et un discernement avisé. Ce sont des choix imprégnés de ta propre essence. Ils forment ton avenir et créent ta réalité. Ils touchent ceux qui t’entourent et c’est pourquoi ils t’appartiennent entièrement.
Mike s’attendait à entendre de pareils propos. Il avait assez d’expérience de l’endroit pour savoir que les anges ne feraient pas le trajet qui lui était réservé. Il savait que les leçons s’dressaient uniquement à lui et que ces gestes devaient émerger de sa pensée. Mais il voulait obtenir des connaissances qui pourraient l’aider à mieux comprendre ce qui se passait vraiment et ce qu’il devait faire à partir de maintenant.
- Blanc, tu es un excellent professeur, dit Mike de sa nouvelle voix qui le rendait fou ! ça lui rappelait la première fois qu’il l’avait entendu sur un enregistrement lorsqu’il était enfant. « C’est ma voix ? Impossible ! »
Blanc se retourna rapidement avant que Mike ne puisse lui demander autre chose et s’élança dans le corridor. Mike suivit l’immense entité flottante. Il avait l’impression qu’on lui faisait faire un tour guidé d’une maison qu’il ne connaissait pas. Tout semblait tellement différent ! Elle était d’une beauté spectaculaire. On aurait dit un musée d’architecture et de sculptures. Des objets à couper le souffle s’offraient constamment à la vue du visiteur. Sa vision d’autrefois ne lui avait pas permis de out voir et il en vint à s’interroger sur ce qu’il ne parvenait pas à capter maintenant et sur ce qu’il verrait en atteignant une dimension encore plus élevée.
- Les couleurs Michael, dit Blanc sans même se retourner.
- Quoi ? fit Mike sans comprendre et en suivant Blanc.
- Ce que tu ne vois pas, ce sont les couleurs.
- Mais nous sommes dans la maison blanche. L’ange laissa sortir un grand éclat de rire qui remplit tout l’espace et fit sourire Mike.
- Seulement pour l’œil humain, Michael. La véritable couleur de l’amour dépasse la vibration que tu parviens à percevoir. Elle n’a pas le blanc que tu perçois maintenant. Tu vois tout en blanc parce que tu ne disposes pas des vibrations appropriées. C’et une absence de couleur que tu vois mais, en réalité, la couleur reflète l’échelle du spectre. C’est la couleur de la lumière interdimensionnelle, tellement resplendissante qu’elle possède une substance et une épaisseur. Son éclat est des milliards de fois supérieure à la lumière de votre soleil. C’est la couleur de la vérité. Mais en tant qu’être humain, tu ne peux pas tout voir.
- J’adore cet endroit ! s’exclama Mike.
- Nous verrons si ton sentiment se maintient, lui dit Blanc.
Encore une fois, Mike éprouva de la curiosité devant la supposition de Blanc concernant un autre changement en lui. D’autres questions lui venaient à l’esprit. Ils franchirent encore des corridors éclatants jusqu’à ce que Blanc conduise Mike dans une pièce qui contenait des fenêtres et un fauteuil.
- Un autre voyage, demande Mike ?
- Non, pas vraiment. Mais tu iras quelque part.
Blanc s’installa devant Mike et se déclara prêt à poursuivre les activités.
- Michael Thomas de l’Intention pure, que désires-tu savoir ?
Mika avait des tas de questions à l’esprit.
- Blanc, du fond de ta sagesse et dans des termes que je puisse comprendre, peux-tu me dire si ma quête spirituelle sur cette grande terre est appropriée.
Mike sentait le besoin de savoir si sa démarche avait du sens.
- Oui, je le peux. Blanc demeura muet quelques instants, comme s’il se préparait à répondre par un oui ou par un non à la question. Puis il reprit la parole avant que Mike n’ait la chance de préciser son point.
- Je t’ai dit dès le début que tes actions correspondent à ta vie. Et d’ailleurs, nous n’appuierions jamais un geste qui ne te conviendrait pas.
- Mais Marie ? lança Mike avec des mots qui s’empêtraient dans sa nouvelle voix. Elle a reçu tous les présents et les outils et elle est toujours sur la terre. N’est-ce pas mieux ? Ne poursuit-elle pas ainsi un objectif spirituel plus élevé ?
- Pour elle, répondit sagement Blanc.
- Mais Blanc, je suis en train d’apprendre à me servir moi-même ! Je retourner chez moi, où se trouve l’amour. Mes prétentions sont égoïstes. Elles ne servent pas la terre. Je suis un chemin qui semble me fournir ce que je veux seulement.
- Semble, coupa Blanc ?
- Oui, ça semble, rétorqua Mike d’un ton exaspéré. Puis il se tut.
- Depuis quand te préoccupes-tu d’être au service de la terre, Michael ? Blanc s’amusait et Mike était surpris par cette question à laquelle il mit quelque temps à répondre.
- Je ne sais pas, avoua Mike, songeur. J’imagine que ça fait partie du nouveau moi.
- Qu’est-ce que je t’ai dit à propos de l’apparence des choses quand nous nous sommes rencontrés ? Blanc mettait Mike à l’épreuve.
- Que les apparences sont parfois trompeuses, répondit Mike.
C’était le thème de son voyage. Même Bleu et Violette avaient utilisé ces termes. Avec Blanc, on arrivait à trois.
- Très bien, assura Blanc. Quoi d’autre ? Mike se tut.
Il ne se rappelait pas. L’ange poursuivit : « ton désir de rentrer chez toi n’est pas égoïste, mais naturel, et n’entre pas en conflit avec ton désir de rendre grâce à ton rôle d’être humain. Maintenant que tu as accompli tout ce chemin, je vais ajouter quelque chose d’autre. Il y a une nouvelle énergie sur votre planète. Elle vibre en laissant entrevoir la possibilité d’un but merveilleux. Ton désir de rentrer chez toi s’insère dans la réalité de cette nouvelle énergie. Le voyage que tu as entrepris est réservé à quelques êtres humains seulement et n’est possible que depuis quelques temps. Michael Thomas, tu es un précurseur dans ce domaine. Voilà pourquoi nous célébrons ton succès et ta sagesse »‘.
Mike réfléchit quelques instants avant de parler. Sa logique mesurait les faits qu’il avait devant lui.
- Bon d’accord, alors le voyage est approuvé. Mais dans mon cas, aurait-il pu être préférable que je demeure sur la terre et que je fasse ce que Marie a fait ?
- Pour toi ? Serais-tu égoïste ?
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
Mike se rendait compte que les arguments logiques ne fonctionneraient pas auprès du maître de l’amour. « Je me demande tout simplement où je devrais être, ce que je devrais faire pour accomplir le plus grand bien. C’est là ma véritable question ».
La question remplit Blanc de fierté.il sourit à Mike et parla lentement.
- Michael, le fait de soulever cette question démontre que tu commences vraiment à comprendre comment les choses se passent. Ta sagesse s’exprime peu à peu.
- merci, mais quelle est la réponse ? Mike ne tient pas compte du compliment et grimaça en insistant pour obtenir une réponse de l’ange.
Il ne se sentait pas à l’aise de se montrer un peu agressif envers une entité si douce.
- Le plus grand bien ? C’est ta propre réalité, Michael. Et, en tant qu’humain dont la vibration vient de s’intensifier, tu créeras pour toi-même. Aucune entité de l’univers ne peut le faire pour toi.
Blanc s’était déplacé vers la porte et Mike comprit qu’il s’était engagé dans une discussion qui ne le mènerait nulle part. Il y avait des questions auxquelles les anges ne voulaient ou ne pouvaient répondre. Il essaya tout de même une autre tactique.
- Blanc, serais-je capable de distinguer le plus grand bien ?
- Le prochain événement sera un test à cet égard. Il ouvrir la porte, se préparant à sortir.
Mike se demanda où il allait. Blanc continua à parler. « Tu ne possèdes pas encore tous les renseignements. Tu es dans la Maison de l’amour et il te reste des éléments à apprendre ici ». Sur ce, il se glissa dan le corridor. En refermant la porte, il ajouta ; « ça va devenir plus difficile à partir de maintenant ». Mike entendit le bruit de la porte qui se refermait et ce fut le silence total.
Il savait que quelque chose se préparait, quelque chose de puissant. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Qu’est-ce qu’on pourrait bien lui enseigner qui lui causerait une détresse encore plus grande sur l’opportunité de son voyage ? Il se retourna face à l’emplacement qu’avait occupé Blanc. Il se sentait patient. Il savait maintenant que la prochaine étape s’accomplirait dans la solitude, sans Blanc, et que ce dernier l’avait voulu ainsi. La pièce se transforma lentement et la lumière qui l’enveloppait prit un aspect différent. Le blanc des murs s’estompa et un espace délimité d’environ cinq mètres devant Mike se mit à briller. Puis Michael vit graduellement apparaître une forme difficile à distinguer. Mike était très attentif. Il allait rencontrer quelqu’un. Il se rappela que Blanc avait mentionné cette rencontre. La silhouette continua à se préciser et la lumière qui l’entourait devint de plus en plus brillante. Mike pouvait voir la personne qui se présentait devant lui. Il n’était plus surpris par cette façon magique d e lui présenter les choses et c’est sur le bout de sa chaise qu’il regardait l’espace se modifier devant ses yeux.
C’était une femme. Sa silhouette se précisa lentement. Il se mit à respirer plus intensément, avec un peu d’appréhension. Son intuition était très aiguisée. Toutes les cellules de son corps vibraient d’excitation, lui signalant qu’il voyait quelque chose d’extraordinaire. Son nouveau pouvoir de discernement l’incitait à se préparer à quelque chose d’unique et de puissant. L’image devint enfin complète. Son visiteur était arrivé ! La femme qui se trouvait devant lui le laissa sans souffle. Il ne s’agissait pas simplement de beauté. Il se sentit instantanément à l’aise, en terrain familier, et c’est ce qui émut tout son être. Elle était resplendissante. Mais qu’est-ce qu’il ressentait. Il lui semblait que son cœur était en état d’alerte. Sa chevelure rousse tombante encadrait un visage rempli de compassion et d’une beauté indescriptible. Elle souriait à Mike, dont le cœur battait la chamade. Comparables à des émeraudes, ses yeux contrastaient fortement avec son teint d’ivoire. Mike aurait juré qu’il sentait une odeur de violettes. Son esprit fut envahi d’une multitude de pensées. Peut-être était-il en présence de la déesse de l’amour, comme ces sirènes des légendes anciennes ? Il avait du mal à respirer jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il retenait son souffle ! Que se passait-il ? Il la regardait avec ravissement. Qu’est-ce qui le faisait se pâmer de la sorte ? Pourquoi son cœur s’emballait-il ? Son esprit s’embrouillait et il soupirait de désir devant cette créature de rêve.
Mike avait déjà rencontré plusieurs anges, mais celui-ci était le plus merveilleux. C’était peut-être de lui que Blanc parlait quand il avait laissé entendre la possibilité d’un ange encore plus grand que les autres. Mike ne parvenait pas à prononcer une seule parole. Le lien qui unissait leurs deux cœurs était renversant. Il avait l’impression de se retrouver à une réunion d’anciens et d’être sur le point de revoir un amour perdu. Le brouillard avait complètement disparu et elle se tenait là dans toute sa grandeur. Mike était en état de choc. Toutes ses expériences ne l’avaient encore jamais amené à vibrer de cette façon? Il ne parvenait pas à se concentrer sur les paroles qu’il aurait voulu prononcer. Il ne savait pas quoi demander. Il la connaissait… mais la connaissait-il vraiment ? Pourquoi sa présence l’affectait-il à ce point ? Quel sentiment cela lui rappelait-il ? Puis il se rendit compte qu’il la connaissait. Elle était un des visages de la maison rouge sur le diagramme de la famille. Elle n’était pas venue alors lui parler comme les autres. Elle était l’image de cette femme à la chevelure rousse dont l’énergie l’avait attiré instantanément. Pourquoi ne l’avait-il pas rencontrée alors ? Qu’est-ce que Rouge lui avait dit à propos des visages qu’il n’avait pas rencontrés ? Ils correspondaient à des contrats non remplis. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ?
La révélation se déployait lentement à l’esprit de Mike pendant qu’ils continuaient à se regarder dans un silence lourd. Puisqu’elle se trouvait sur le diagramme dans la maison rouge, c’est qu’elle n’est pas un ange. Elle était une partie de la famille karmique. Mike commençait à ressentir des sentiments étranges à l’égard de cette rencontre, même si son âme continuait à lui chanter un air tout nouveau, un chant qui traitait de joie, de vision et d’amour. C »état ç la fois chargé d’émotion et tellement paradoxal ! D’une part, son cerveau lui apprenait qu’il se préparait à des difficultés, et d’autre part, il était si heureux ! Son bonheur ressemblait à celui d’un enfant qui voit Disney land pour la première fois après avoir compté les jours qui le séparent de sa visite. Quant à son trouble, il provenait de son cœur ; on aurait dit qu’il était tordu !
Michael se sentit ridicule. Il constata encore une fois qu’il respirait mal. La silhouette qui se tenait devant lui affectait sa physiologie. La vue même de cette beauté faisait réagir son corps. Pourquoi ses mains transpiraient-elles ? Cette femme n’était pas un ange, mais elle touchait chacune des cellules de son corps. Il ne savait plus s’il était physiquement capable de parler. Il se sentait ému et au bord des larmes, comme devant un ami retrouvé qu’on avait cru mort depuis longtemps. C’était vraiment une expérience qu’il ne pourrait effacer. Heureusement, elle parla la première.
- Mike, c’est moi.
La familiarité et la bonté de sa voix le renversèrent. Il était heureux d’être assis car ses genoux étaient mous et ses jambes n’auraient pu le supporter. Son corps entier réagissait à une voix indéniablement connue. Mais qui était-elle ? Ses yeux brillants et son expression le suppliaient de la reconnaître. Ce qu’il fit mais pas de la façon dont elle l’aurait souhaitée. Il devait dire quelque chose. Son adrénaline agissait comme celle d’un jeune garçon à qui la fille qu’il reluque depuis quelque temps déjà adresse enfin la parole. Elle avait un corps physique magnifique et ses vêtements lui allaient à ravir. Michael pouvait parfaitement l’imaginer dans ses bras. Mon Dieu ! Il se sentit embarrassé et dégoûté à l’idée qu’il commençait à ressentir du désir physique. Qu’est-ce que Vert avait dit à ce sujet ? Que la relation physique accompagnée d’amour véritable était un catalyseur d’illumination ? La nature humaine de Mike créait des pensées qu’il trouvait déplacées dans les circonstances, mais c’était la réalité et ses sentiments devaient être convenables et parfaits sur le plan spirituel. Soudain, il entendit le rire de Vert. Il n’en tint pas compte et, prenant son courage à deux mains, il dit, d’une voix tremblante :
- Ton costume est très beau.
Pour l’amour du ciel, qu’est-ce qu’il avait dit ? Quelle sorte de phrase ridicule, insignifiante, déplacée, inepte et insipide venait-il d’exprimer ? Une créature éblouissante se présente devant lui dans la Maison de l’amour et, dans son ravissement béat, voilà tout ce qu’il a trouvé à dire. Il avait honte de sa stupidité. Elle sourit. Il craqua.
- Merci, Michael, répliqua-t-elle en un clin d’œil. Je suis Anolee, ta partenaire d’amour.
Jusqu’à un certain point, il le savait déjà. Son cœur battait encore plus fort au son de sa voix. Il essuya ses mains moites sur son pantalon puis se rendit compte qu’elle avait remarqué son geste. Elle s’avança vers lui. La lumière qui l’entourait la suivit. Il se cala dans son fauteuil, comme pour disparaître. C’est le bruit du coussin qui s’écrasait qui lui en fit prendre conscience. Il aurait voulu se lever, mais il craignait d’être incapable de se tenir debout et il n’aurait pas supporté qu’elle le voit vaciller ! Il s’était déjà montré assez ridicule. Elle s’amusait de sa timidité, mais ne fit aucune remarque à ce sujet. Il était envahi par sa présence. Lorsqu’elle s’était approchée, il l’avait regardée marcher et avait reconnu sa démarche. En fait, il y avait quelque chose en elle qu’il connaissait intimement. Sa présence ne faisait que rendre cette réalité plus intense. Elle poursuivit :
- Si tu étais resté sur la terre, Michael, l’énergie était favorable à notre rencontre. Nous l’avions planifiée ensemble, tu te souviens ?
Mike ne s’en souvenait pas et il ne voulait pas l’entendre. Elle lut la douleur naissante sur son visage et la défaillance de son cœur.
- C’est sans importance, lui dit-elle. Je suis venue te dire que la voie que tu poursuis est respectée. La famille est fière et nous célébrons tous. Moi plus particulièrement.
Mais Mike ne parvenait pas à fuir ce qui lui sautait aux yeux. Ça n’avait pas d’importance que tout soit bien. Il n’avait rien à faire des réjouissances de la famille. Tout ce qu’il voulait, c’était elle ! Toute sa vie, il avait cherché le véritable amour. Il savait que c’était possible et qu’il pouvait vivre une relation prévue et approuvée par Dieu. Il l’avait souhaité, enfant, en voyant l’amour qui unissait ses parents et le respect qu’ils se témoignaient. Il l’avait souhaité, adulte, et c’est pourquoi l’échec d’une relation amoureuse l’avait laissé si déprimé. C’était là la difficulté de sa quête sur la terre. C’était dans son contrat. Maintenant, la réalité était devant lui et il pouvait l’accueillir et prendre conscience qu’elle avait toujours été présente. La vérité le frappa de plain fouet : IL AVAIT QUITTE TROP TOT !
Puis, une autre pensée l’envahit et il dut demander :
- Anolee, devions-nous avoir des enfants ?
- Oui… trois, lui répondit-elle.
Il fut attristé par la réponse et demeura muet. Il la laissa lui donner les noms spirituels des enfants, mais chaque mot le faisait souffrir. Même si la présence d’Anolee devait le remplir d’amour, il se sentait torturé. Chaque mot déchirait son cœur et l’amenait à prendre conscience de ce qui lui avait manqué. Les enfants qui n’étaient pas nés, les expériences. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Il commençait à perdre la maîtrise de ses émotions. Il voulait la tenir dans ses bras et lui dire combien il regrettait de n’être pas resté. Ce n’était pas la raison de sa présence devant lui, mais c’était tout de même ce qu’il aurait voulu faire. Les larmes coulaient sur ses joues et il se mit à trembler. Elle lui avait donné toute l’information qu’elle devait lui communiquer.
Elle se tenait devant Michael Thomas sans parler. L’énergie en puissance qui les unissait était tellement forte qu’on aurait pu la trancher au couteau. Mike avait devant lui la plus belle créature qui soit et il ne parvenait qu’à pleurer. C’était pathétique. Tous ses sens étaient remplis d’un sentiment d’échec. L’ai était chargé d’électricité et d’une énergie d’intention spirituelle et d’amour, malgré le sentiment d’insatisfaction et de perte irréversible. Quelle amère ironie ! La seule rose qu’il aurait pu croiser sur son chemin lui avait échappé. Il ne pourrait jamais apprécier son parfum et elle finirait par se faner sans jamais avoir été tenue et aimée pour sa beauté parfaite et son élégance. Le contrat entre eux présentait une immense puissance et c’est pourquoi le cœur et l’esprit de Mike étaient rompus. La silhouette commençait à s’effacer et il réagit immédiatement. Il s’entendit presque crier :
- NON, s’il te plaît, ne t’en vas pas !
Mike avait l’impression qu’il ne la reverrait plus jamais. Il voulait encore quelques instants. Les mots qu’elle lui adressa en guide d’adieu résonnèrent comme du charabia d’ange à ses oreilles.
- Michael, les apparences sont parfois trompeuses.
La femme radieuse et resplendissante qui aurait pu être le grand amour de sa vie s’évanouissait devant ses yeux en prononçant des banalités qu’il avait déjà entendues. Avec son départ disparaissaient tous les espoirs d’une vie. Il venait de voir et d’entendre ses rêves de bonheur s’anéantir pour des prétendues intentions spirituelles.
Mike était au désespoir. Il ne pouvait pas bouger. Immobile telle une statue, il garda le regard fixe pendant des heures avec l’espoir que la précieuse entité reviendrait occuper l’espace qu’elle avait empli, espace que sa seule présence rendait sacré. Il supplia Dieu de lui accorder encore quelques instants avec sa partenaire disparue. La lumière de la pièce s’estompa et changea de couleur avec la tombée du jour. Puis ce fut la noirceur, qui s’apparentait à la nuit sans lune et au désespoir qui s’était installé dans le cœur de Mike. Il demeura assis dans le silence propre à ceux qui viennent de subir une défaite certaine et décisive. Il était dépourvu de toute joie. L’agonie de la douleur et un sentiment de perte pénible et sombre venaient de se substituer à la paix que son voyage spirituel lui avait apportée. Son énergie épuisée par l’intensité de la blessure et de la révélation, Mike finit par s’endormir. Il demeura immobile même dans son sommeil et ses rêves rejouèrent à maintes reprises l’angoisse de la rencontre ratée. Le coeur de Mike était déchiré.
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L’aube ramena la lumière dans la pièce. Mike n’avait pas quitté son fauteuil. Il avait l’impression d’avoir participé à un marathon et ses articulations le faisaient souffrir puisqu’il avait passé un grand nombre d’heures dans la même position. Il avait besoin de manger, mais n’avait pas vraiment faim. Il se tira péniblement de son fauteuil et se dirigea vers ses appartements. Comme toujours, la nourriture était prête. Il mangea sans un regard d’appréciation pour la beauté qui l’entourait ni reconnaissance pour la saveur du repas. Lorsqu’il eut terminé, il se dirigea près du lit qui n’avait pas été touché. Il ouvrit le placard et retrouva les présents que les anges lui avaient remis avec amour lorsqu’il s’était arrêté dans leurs maisons. Il se senti envahi d’un sentiment de tristesse empreint de sagesse. Il se rappela sa question à Blanc ; serais-je capable de distinguer le geste destiné au plus grand bien ? Maintenant, il comprenait le test. Son essence même le poussait à retourner sur terre à l’instant. Tout ce qu’il avait à faire était de refermer le placard, de sortir de la maison et de prendre à gauche au lieu de continuer à droite. Il le savait très bien. Ce serait le signe qu’il souhaitait mettre fin à son périple et rebrousser chemin. Blanc lui avait bien dit qu’il ne serait alors pas jugé, qu’il ne serait pas coupable, mais qu’il ne serait pas non plus illuminé.
Mike savait parfaitement quel geste poser. Même Anolee lui avait rappelé à quel point ils étaient tous fiers de lui et il pensa que le cœur de sa bien-aimée souffrait probablement autant que le sien. Et pourtant, elle l’avait incité à poursuivre sa route. Il distinguait le plus grand bien. Tourner à gauche consistait à le servir et à répondre à ses désirs d’amour humain. Blanc lui avait expliqué que son discernement de la vérité serait perçant et c’était vrai. Il n’avait aucun doute sur le chemin à prendre ; il était seulement extrêmement tenté de dévier. Son cœur le suppliait de rebrousser chemin. Il n e détruirait rien, reprendrait sa vie humaine et rencontrerait Anolee. Sa vie terrestre serait agréable. Il saisit sa carte pour la tenir près de lui, fermant les yeux et revoyant le temps qu’il avait passé dans la maison bleue. Il revêtit lentement son armure et sentit le pouvoir qu’elle lui procurait. Il la loua et remercia Dieu du précieux symbole qu’elle représentait. Il prit son bouclier et le plaça contre sa poitrine, le tenant de ses deux mains, savourant toute sa signification. Puis il le mit sur son dos, pour mieux le transporter et le rendre prêt à l’utilisation au besoin. Comme un guerrier se préparant au combat, il saisit son épée et la brandit d’un geste majestueux qui la fit vibrer dans l’air. Il revit la cérémonie auprès d’Orange et la signification de l’épée. Puis, il la loua aussi et la glissa dans son fourreau, où elle était protégée mais prête à servir. Mike se redressa dans ses beaux habits de voyage et quitta la pièce d’un pas déterminé.
Blanc l’attendait à la sortie de sa chambre. Il vit l’armure, le bouclier, l’épée et comprit aussitôt les intentions de Mike. Blanc sourit et salua Mike bien bas, ses mains réunis comme pour une prière, un geste de respect que Mike ne saisit pas. Puis, il parla :
- Michael Thomas de l’Intention pure, comment te sens-tu ?
- Ce n’est pas facile, Blanc, tu avais raison. Je n’avais pas soupçonné combien se serait difficile. C’est la chose la plus difficile que j’ai jamais eu à faire. Je ne suis pas complètement à l’aise… mais je sais que c’est ce qu’il faut faire. Si tu n’y vois pas d’inconvénient, j’aimerais partir maintenant puisque l’endroit ne produit pas de bons souvenirs.
- Qu’il en soit ainsi !
Blanc se tourna et accompagna Mike vers la porte en continuant à lui parler. « Ce n’est pas terminé, mon ami ». Blanc flottait dans le corridor qui menait vers la porte principale.
- Je sais.
Sans connaître les détails, mais avec toute la force de son intuition, il savait qu’il lui restait beaucoup à voir et à faire durant ce voyage, même s’il n’avait plus qu’une seule maison à visiter. Une fois de plus, son intuition ne le trompait pas.
Blanc se tint sur le pas de la porte pendant que Mike remettait ses chaussures. Somme toute, Michael n’avait pas tellement aimé la maison blanche. Blanc avait bien pressenti les sentiments de Mike, qui était heureux de partir. Blanc le sentait sans poser de jugement. D’ailleurs, il était en admiration devant cet humain. Les autres avaient raison. Mike était différent. Il réussirait s’il parvenait à franchir la dernière partie de son chemin. Il jouissait d’un excellent discernement d’une détermination encore plus forte. Après s’être chaussé, Mike s’avança sur le terrain de la maison. Il arrêta et se retourna vers la porte. Blanc lui parla de l’intérieur puisqu’il ne pouvait se risque à l’extérieur.
- Michael Thomas de l’Intention pure, il n’y pas de plus grand amour pour un homme que de sacrifier son cœur au bénéfice du tout.
Il lui sourit en refermant la porte et Mike entendit à peine ses dernières paroles couvertes par le bruit de la porte.
- Apparences trompeuses. Tu verras, tu verras. Nous t’aimons tendrement.
Mike franchit lentement et péniblement le trottoir de la maison qui menait au sentier. Il quittait la maison qu’l avait le moins aimée et commençait à en avoir assez de cette phrase qu’on lui avait servie à plusieurs reprises. Tout le monde l’avait citée. Il avait l’impression que cette maison lui avait tout pris, alors qu’en réalité il en avait retiré beaucoup. Il resta longtemps près de la barrière blanche qui menait à la maison, regardant à gauche et à droite. Puis, il franchit la barrière et se plaça au centre du sentier où il se tint longtemps immobile. Il était tourné vers la gauche, les yeux fermés, prenant bien soin de ne pas avancer. Il fit une petite cérémonie qui lui était propre et demanda aux anges qu’il avait rencontrés d’y assister. Puis il parla à haute voix :
- Je ne fais pas de sacrifice parce que je vais te rencontrer un jour, Anolee. Et au moment opportun, je connaîtrai ces enfants qui ne me sont jamais nés lorsque je rentrerai chez moi.
Il prenait à cœur l’enseignement des anges sur la nature temporaire de la terre et la réalité absolue de l’esprit. Sa déclaration portait la promesse d’un amour différent dans un autre lieu, mais d’une réunion néanmoins. Il s’accrochait résolument à la réalité d’une éventuelle réunion sacrée, où il retrouverait l’amour de sa vie, sa partenaire bien-aimée. Il pourrait alors consacrer son temps à l’aimer et elle le lui rendrait. Dans un soupir, Mike fit volte-face. Il reprit sa route à grands pas décidés. Son armure résonnait doucement sous le soleil. Il était conscient de laisser derrière lui une des plus grandes occasions de bonheur qui soient. Il lui avait tourné le dos et même si sa décision le faisait souffrir, il se consolait à la pensée de la promesse d’amour de Dieu et à la conviction absolue qu’il reverrait Anolee. Il était pensif, résolu et sérieux. Michael Thomas venait d’en apprendre long sur l’amour. Cette maison lui avait donné la plus importante leçon sur lui-même et sur Dieu ; son âme avait été vidée jusqu’à ce qu’il parvienne à distinguer la moindre parcelle de vérité et de discernement pour les mettre à son service.
Cette fois-ci, il ne regarda pas derrière lui. Il marchait d’un pas assuré. Bien que quelque peu tiraillé, il se sentait puissant et en sécurité. Cette terre lui appartenait. Il sentait qu’il la possédait. Il en avait payé le prix. Il découvrirait rapidement si tout cela était vrai puisque à une heure environ sur la route, une autre épreuve l’attendait. L’entité négative lui fournirait LA bataille de son âme.
Le Retour – de Michael Thomas – Editions Ariane 1998– Kryeon canalisé par Lee Carroll.
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