Vivre comme les Esséniens
P. A. : Selon vous, de nos jours est-il possible de vivre à la façon des Esséniens ? Y a-t-il quelque chose qui puisse nous rapprocher particulièrement d’eux ?
D. M. : En théorie, j’aurais envie de dire oui… mais, dans la pratique, je ne le crois réellement pas parce que deux mille ans se sont passés et que notre monde n’est plus du tout le même. Les Esséniens vivaient sous un certain climat, dans une nature saine et avec très peu de parasitage psychique. Vous savez, aujourd’hui nous sommes constamment pollués par une multitude de choses. Dans nos sociétés occidentales nous sommes agressés en permanence – je crois que le terme n’est pas trop fort – par des multitudes d’ondes : Nous avons toujours le cellulaire dans la main, notre cellulaire c’est notre petite télé et notre radio, n’est-ce pas ? C’est notre ordinateur portable aussi, on y collectionne des jeux vidéo, enfin bref, tout cela devient… tyrannique. Il ne faut surtout pas que l’on soit un seul instant seul avec soi-même !
Les informations affluent de partout, on dispose de, je ne sais pas combien de canaux de télévision. En résumé, nous sommes sursollicités par ce qui constitue une incroyable pollution mentale et psychique et qui fait qu’on ne peut plus, de toute façon, être comme il y a quelques millénaires. Le temps où l’être humain fonctionnait d’une façon simple, intuitive et spontanée est totalement révolu.
Par ailleurs, si on considère plus particulièrement les Esséniens, il faut réaliser le fait qu’ils mangeaient beaucoup moins que nous aujourd’hui. Leur organisme était moins encrassé que le nôtre. Dans le bassin méditerranéen, on sait qu’il y a un certain type de climat qui est propice à la frugalité. On sait aussi que dans les millénaires passés le corps physique était globalement beaucoup plus robuste qu’aujourd’hui et qu’il réagissait également beaucoup plus que le nôtre aux émanations subtiles de la Nature.
Aujourd’hui, notre corps est, qu’on le veuille ou pas, imbibé d’une multitude de produits chimiques, substances qu’on absorbe par les poumons ou par l’alimentation, même si on essaie de manger le plus naturellement possible. Il ne faut pas se faire d’illusion à ce propos… nous avons des produits qui ne sont plus aussi sains qu’autrefois. Inutile d’insister là-dessus, c’est l’évidence.
Même si la médecine moderne a sauvé bien des vies et allégé bien des souffrances, elle a aussi considérablement affaibli nos défenses immunitaires… ce qui fait qu’à l’heure actuelle il faut mettre en mouvement un arsenal infiniment plus important de thérapies énergétiques pour arriver à ce qu’on obtenait il y deux mille ans ou plus. Le corps humain s’est, d’une certaine façon, blindé contre tout, à son propre détriment.
Notre société a nécessairement bougé et le but n’est certainement pas de faire un retour en arrière, : « Moi je vais vivre comme les Esséniens… pas de télé, pas de voitures, pas de téléphone… ». C’est un discours passablement illusoire. On peut toujours se dire qu’on va créer une communauté et y vivre confortablement entre nous et puis se déclarer Essénien. Je veux bien, cela ne fait de mal à personne sauf que cela risque de recréer une forme d’élitisme cloisonnant. Tant qu’on « ésotérisera » – pardonnez-moi l’expression – on ne touchera pas la conscience du plus grand nombre.
Je crois qu’il faut se reconnecter au grand Principe amoureux de la Vie en se basant sur un partage ouvert, une communion avec la Nature qui ne cherche pas à faire d’étincelle, un dialogue avec le Tout qui ne se réclame pas nécessairement d’un contact avec je ne sais quel archange.
La base de l’Essénisme ne faisait pas de bruit. Pourquoi se dire « On va être des Esséniens aujourd’hui » ? Il y a autre chose à bâtir… Le passé est le passé, même si, dans l’absolu, le Temps est une illusion.
Aujourd’hui nous en sommes venus à une autre époque et ce qu’il nous appartient sans doute de faire, c’est d’adapter le meilleur de la pensée essénienne, de le mettre à jour en réalisant que les Esséniens d’il y a deux mille ans ne vivaient pas comme les Égyptiens de l’époque d’Akhenaton, tout comme ceux-ci ne vivaient pas non plus comme à l’époque atlante ou lémurienne etc.. etc.. Chaque période a ses caractéristiques et il n’y a pas à se nourrir de nostalgie.
Prenons ce qu’il y a de bon du passé, ce qu’il y a de constructif en lui, inspirons nous en mais pourquoi vouloir recréer et idéaliser ce qui n’était qu’une étape ? Cela ne me semble pas très juste et cela ne répond ni à ma sensibilité ni à ma compréhension de la pensée du Christ. Évidemment, chacun fait ce qu’il veut. Il y a cependant assez de beauté à créer aujourd’hui sans vouloir toujours tirer vers le passé.
Vous allez me dire : « Toi, pourtant, tu regardes toujours vers le passé avec les Annales Akashiques ». C’est exact… toutefois ce n’est pas pour le passé lui-même. C’est pour tenter, par les racines que je mets à jour, d’en retirer des éléments qui peuvent nous faire aller de l’avant. La nostalgie ne fait pas partie de mes outils. Je peux la comprendre mais elle exprime une fuite. Il y a des abominations aujourd’hui, il y en avait autrefois aussi, n’idéalisons donc pas le passé.
Issu du site de Daniel Meurois: www.meurois-givaudan.com – Interview d’octobre 2008 par Louise-Anne Holstein qui est bien entendu toujours d’actualité ! De Mémoires d’Esséniens.
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