Une vision de la pureté d’âme
J’ai évoqué un peu plus haut la notion de pureté d’âme comme condition première à toute véritable ascension spirituelle, aux yeux du Christ. Il me souvient que, même dans ce domaine, Il dérangeait, attisant notamment le goût des Sadducéens pour la polémique… C’était la veille du sabbat et le Maître, selon son habitude, avait pris pour prétexte un petit incident survenu dans l’échoppe d’un avide marchand de grains de Capharnaüm afin de délivrer un enseignement. Il y avait précisément là quelques Sadducéens qui ne purent s’empêcher d’intervenir d’un ton plutôt narquois.
- « Et alors c’est quoi, selon toi, la pureté de l’âme, Rabbi? Nous connaissons bien cet homme et toi aussi… Nieras-tu qu’il respecte tous les devoirs que lui il pose notre foi? Que veux-tu de lui? Il adore et honore l’Eternel selon les prescriptions de la règle de Moïse. Laisse-le donc travailler comme il l’entend… Il est du nombre des justes!» - « La pureté d’âme? s’exclama le Maître, voulez-vous vraiment savoir ce qu’est la pureté d’âme dans le coeur de mon Père? La pureté, sachez-le, ne s’exprime pas par le respect des lois, fussent-elles de Moïse. Les lois contraignent, elles n’enseignent pas l’âme, elles ne la restituent pas à sa vraie nature. Elles disent « vous devez» pour que l’on courbe l’échine, trop rarement pour faire grandir. Écoutez-moi… L’âme qui veut croître se soucie peu des lois mais recherche la Loi unique, celle qui est inscrite depuis l’éternité dans son ciel intérieur telle une marque solaire. Cette loi-là s’appelle Amour, elle s’appelle Compassion… Elle s’appelle aussi Sincérité. Je vous le dis, l’âme qui se présente ainsi devant le Tout-Puissant se moque des façades, des prescriptions et des morales. C’est alors qu’elle connaît la pureté… Non pas parce qu’elle peut se prétendre pure au regard des hommes mais bien parce qu’elle est pure face à l’Oeil de mon Père.
L’âme pure ne calcule pas mais offre sans compter ; l’âme pure ne connaît pas la sinuosité mais offre la transparence; l’âme qui est pure n’attend jamais l’heure de réciter les prières, elle est toujours la prière qui offre les mains; elle est toujours les mains qui servent et celles qui reçoivent la Lumière. » Je revois encore le groupe de Sadducéens plisser le front et prendre un peu de recul comme pour observer le Maître d’un air hautain. - « Et à quoi ressemble-t-elle cette Lumière, Rabbi, puisque tu sembles si bien tout comprendre auprès de tonPère? » – « Elle ne ressemble pas à cela… Elle est cela. » Impossible de dire ce qui se passa alors exactement. Je ne puis en parler aujourd’hui que comme d’un état de suspension du temps qui emporta aussitôt les Sadducéens dans une bulle de silence doré pour les laisser sans voix quelques instants plus tard. Lorsque, vides d’argument, ceux-ci firent demi-tour dans la ruelle, le Maître ajouta simplement: - « Comprenez-vous? Vous L’aviez quelque part en vous et vous L’ignoriez… » Je me rappellerai toujours avec émotion ces états de conscience auxquelles il Lui arrivait de nous faire goûter, ne serait-ce que quelques minutes ou secondes. Sans doute est-ce l’un de ces états qu’il fit connaître, ce jour-là, à ses contradicteurs, leur permettant d’éprouver ainsi une certaine « cristallinité solaire » inconnue d’eux.
Je ne puis personnellement parler de ces moments de grâce qu’avec beaucoup de difficulté car les perceptions qui s’y déployaient sont encore trop étrangères à notre monde. Ce qui est évident, c’est que tout se passait sans qu’on ait vu quoi que ce soit venir, au coeur d’un véritable « arrêt sur image » qui gommait tout, décor et son… Il n’y avait plus que Lumière et Bonheur, Bonheur et Lumière. C’était l’expérience du Divin, ineffable, intraduisible, la communion avec un État dont il devenait alors impossible de douter qu’il était notre état naturel, notre juste héritage. Questionné régulièrement sur sa capacité à nous faire vivre de tels instants, le Christ Jeshua répondait toujours qu’il n’y avait aucune magie, aucune hypnose en cela et qu’Il ne projetait rien d’autre sur nous qu’un rayon émis par son coeur. Ce rayon, ajoutait-Il, avait pour seule fonction de stimuler en nous, dans notre propre coeur, le souvenir de la perfection originelle de notre Conscience. - « Vous êtes amnésiques, répétait-il alors d’un ton taquin, vous êtes amnésiques! »
Quant à moi, je compris peu à peu que, pour éprouver de tels états de grâce, il fallait tout au moins qu’une porte soit entr’ouverte dans notre âme… et que, pour qu’elle soit entr’ouverte, il fallait qu’on se soit donné la peine de la pousser. - « Comment la pousser? » ai-je un jour demandé… – « Par la volonté. » – « Pas par l’Amour? » – « L’Amour sans volonté est une fleur sans parfum, il lui manque une dimension… sa Lumière d’âme! » – « Et qu’est-ce qui développe la volonté? » – « La fréquentation de l’audace, le contraire de la tiédeur, l’attitude face aux épreuves. » - « Les épreuves sont la souffrance… Faut-il donc absolument souffrir? »
- « L’intensité et la durée de la souffrance dépendent de la force que procure la Lumière d’âme. » – « La Lumière d’âme? Nous tournons toujours en rond, Rabbi! » - « Aussi est-ce pour cela que l’Éternel m’envoie jusqu’à vous… Pour briser le cercle vicieux de la peur qui fait désirer l’amnésie et étouffe la volonté. » – « Un maître est donc nécessaire pour percer le mur de l’obscurité? » - « Nous passons tous, sans cesse, de maître en maître, vois-tu. Nous franchissons des milliers de remparts mais le Maître définitif, Lui, parle à travers tout ce qui ressuscite la pureté d’âme. C’est cela qu’il ne faut jamais perdre de vue… » Les messages Esséniens – Daniel Meurois-Givaudan - les enseignements premiers du Christ.
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