Civilisation carthaginoise
Article détaillé : Civilisation carthaginoise.
Selon la légende, Carthage se serait développée à partir de la colline de Byrsa, citadelle et centre religieux, puis étendue dans la plaine côtière et sur les collines au nord, avec le faubourg de Mégara (aujourd’hui La Marsa) qui semble avoir été construit d’une manière plus anarchique que le reste de la ville ; il s’agit peut-être du faubourg le plus récent et celui-ci n’aurait donc pas eu le temps de se structurer. Car, à l’exception de Mégara, Carthage a été aménagée selon un plan assez ordonné, aux rues rectilignes, sauf sur les collines où l’urbanisation a tout de même été pensée. Globalement, la plaine était quadrillée par les rues, l’agora et les places faisant le lien avec les rues qui rayonnaient vers les collines. La cité était entourée d’épaisses murailles de blocs d’une pierre blanche qui la rendait lumineuse et visible de loin. Les fouilles du quartier dit de Magon ont permis d’étudier l’évolution des structures défensives et urbanistiques sur une longue durée[23]. La cité était donc conçue selon un plan qui suggère que les Grecs pourraient ne pas être exclusivement à l’origine des plans urbains rectilignes ordonnés sur deux axes, se croisant perpendiculairement en leur centre, communs à la plupart des cités du monde antique.
Le quartier dégagé sur la colline de Byrsa a été bâti selon un plan orthogonal, laissant apparaître l’aspect organisé de l’urbanisme. Les rues, pavées et droites mais faites de terre battue sur les collines, se recoupaient à angle droit[24]. Par pragmatisme, le relief est pris en compte dans les axes des rues qui changent, avec adjonction de volées d’escaliers ; de larges marches étaient aménagées là où le relief du terrain les rendait nécessaires.
Ses quartiers d’habitations étaient en partie édifiés au moyen d’une sorte de ciment mêlé à des tessons de céramiques, ce mélange étant utilisé pour le sol des pièces ou l’élévation des murs. Les maisons étaient pourvues de couloirs et des escaliers en bois permettaient de monter dans les étages. Les habitations étaient alimentées en eau par des citernes souterraines recueillant l’eau de pluie, à partir d’une cour centrale, grâce à des canalisations. Il n’y avait pas de réseau d’égouts mais des sortes de fosses septiques. Parmi les principaux éléments de la cité figurent l’agora, les ports marchand et militaire, des boutiques et échoppes diverses, des entrepôts, des quartiers d’artisans en périphérie (comme celui des potiers), des places de marchés, des nécropoles (dont plusieurs situées entre les habitations et la plaine, et d’autres plus haut sur les collines) ainsi que des temples. Le tout était couronné par la citadelle centrale sur la colline de Byrsa, qui accueillait aussi les principaux temples, comme celui d’Eshmoun.
Carthage était une grande cité cosmopolite de l’Antiquité, où vivaient des Phéniciens et où se côtoyaient Grecs, Berbères d’Afrique du Nord, Ibères d’Espagne et autres peuples issus des territoires carthaginois d’outre-mer mais provenant aussi d’Afrique subsaharienne via les côtes de l’océan Atlantique ou les routes des oasis, routes reprises plus tard par les Romains. Les mariages mixtes n’y étaient pas rares, contribuant à développer une civilisation particulière. Les Carthaginois pratiquaient un culte polythéiste originaire du Moyen-Orient. Ils vénéraient en particulier Baal et Tanit. Rome les accusa longtemps de sacrifier des enfants (cérémonie du molk), ce qu’il convient de nuancer. Une hypothèse parmi d’autres suggère que le rituel d’incinération avait surtout pour objectif de renvoyer l’âme des enfants défunts par le plus court chemin vers Ba’al Hammon à une époque où la mortalité infantile était plus qu’importante malgré les progrès en matière d’hygiène.
D’après d’autres sources, le sacrifice d’enfants bien vivants, généralement l’aîné des familles de notables, dans le but de prouver la sincérité de leur dévouement à Carthage, semble avoir initié la coutume de ces derniers d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.
Ce sont les Carthaginois qui introduisent le glaive court en fer dans le bassin méditerranéen, car jusqu’alors, les guerriers s’affrontent à l’aide de lances et de frondes. Carthage conquiert l’Hispanie ainsi que la Sicile où elle se heurte aux Romains.
La cité antique de Carthage est au cœur du roman Salammbô, écrit en 1862 par Gustave Flaubert, qui se déroule à l’époque d’Hamilcar Barca, c’est-à-dire lors de la jeunesse d’Hannibal Barca.
Les Carthaginois sont battus par le général Scipion (Scipio en latin). En effet, une série de trois conflits entre les deux puissances, les guerres puniques — les Romains nomment les Carthaginois Poeni —, débutent au IIIe siècle av. J.-C. et se terminent avec la victoire de Rome et la destruction de Carthage en 146 av. J.-C., après un siège de quatre ans. Après une tentative avortée des Gracques, Jules César fonde par la suite une cité sur les ruines de la ville punique (Colonia Julia Carthago). Celle-ci devient la capitale de la nouvelle province d’Afrique. Au Bas-Empire, la cité, gagnée au christianisme, subit les persécutions impériales. Carthage devient, au IVe siècle, l’une des plus grandes capitales spirituelles d’Occident.
Elle est conquise en 439 par les Vandales menés par Genséric, qui y fondent un royaume. L’Église est alors victime de persécutions et particulièrement meurtrie. La reprise par les Byzantins (Empire romain d’Orient) en 533 ramène la prospérité à la capitale d’Afrique.
L’empereur Justinien Ier en fait le siège de son diocèse d’Afrique, mais à la suite de la crise monothéiste, les empereurs de Byzance, opposés à l’Église d’Afrique, se détournent rapidement de Carthage qui devient le siège d’un exarchat. Carthage donne ensuite à Constantinople une lignée d’empereurs à la suite d’Héraclius, fils de l’exarque de Carthage.
À l’époque des conquêtes arabes, ces derniers prennent la ville en 698 mais lui préfèrent Tunis, la cité voisine, qui donne son nom au pays, celui d’Afrique désignant désormais le continent entier. Voir le dossier wikipedia ici…..
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