Le corps mental
Tout d’abord la matière ne constitue qu’un nuage informe et inorganisé autour de l’unité mentale ; ce n’est pas encore un corps mental, mais seulement un ensemble de matériaux qui serviront à construire le nouveau corps mental.
Les qualités ne sont pas encore en activité. Il n’y a là que des germes de qualités, et, pour le moment, leur seule influence est de se ménager un champ de manifestation en rassemblant des matériaux susceptibles de les exprimer, dans le véhicule mental de l’enfant. Les germes ou semences provenant du passé, sont appelés par les Bouddhistes Skandhas. Ce sont des qualités matérielles, sensations, idées abstraites, tendances d’esprit, facultés mentales. Comme nous l’avons vu au cours de notre étude, le plus pur arôme de ces germes est passé en dévachan avec l’égo ; tout ce qui était grossier, bas et mauvais est resté en sommeil. Tout cela est repris par l’égo lorsqu’il retourne vers la vie terrestre, et est incorporé au nouvel « homme de chair » que l’homme véritable va habiter.
Les expériences du passé n’existent pas dans le nouveau corps mental sous forme d’images ; elles sont mortes en tant qu’images mentales il y a longtemps, lorsque le vieux corps mental est mort ; leur essence seule, leurs effets sur les facultés subsistent. Le même phénomène se reproduit lorsque l’égo tourne son attention vers l’atome permanent astral et y introduit sa volonté. Ainsi l’unité mentale et l’atome astral permanents attirent à eux des matériaux capables de produire des corps mental et astral exactement du même type que ceux de l’homme à la fin de ses dernières vies mentale et astrale. Autrement dit, l’homme reprend sa vie dans les mondes mental et astral exactement là où il l’avait laissée.
Les corps mental et astral de l’homme au début de sa nouvelle période de vie, étant les résultats directs du passé, forment une partie importante de son Prarabda, ou karma venu à maturité.
La matière mentale est tout d’abord distribuée uniformément dans l’ovoïde. C’est seulement lorsque sa petite forme physique vient à exister que les matières mentale et astrale sont attirées par elle. Alors elles commencent à se mouler sur sa forme, puis croissent d’une manière continue avec elle. En même temps, la matière mentale et la matière astrale sont mises en activité, et l’émotion et la pensée font leur apparition.
Plus la matière du corps mental est grossière, plus intime est l’association avec la matière astrale, et plus fort est l’élément Kama-Manas. Un jeune enfant n’a pas un corps mental ni un corps astral proprement dits ; mais il a autour de lui de la matière qui servira à construire ces corps. Il possède des tendances de toutes sortes, les unes bonnes, les autres mauvaises. Que ces germes se développent ou non, cela dépend des influences qu’il subira pendant ses premières années. Chaque germe bon ou mauvais peut être facilement éveillé à l’activité, ou bien dépérir faute de stimulation. S’il est stimulé, il devient dans la vie de l’homme un facteur plus puissant que dans la vie passée ; s’il dépérit, il finit par mourir et cesse d’apparaître dans la série des incarnations.
Pendant les premières années, l’égo a peu d’action sur ses véhicules, c’est pourquoi il attend de ses parents une aide pour acquérir plus d’emprise sur ses véhicules, grâce aux conditions favorables qu’ils peuvent lui fournir. C’est là que réside la grosse responsabilité des parents.
La plasticité des véhicules informes de l’enfant est extrême. Le corps physique de l’enfant est déjà très plastique et facilement impressionnable, mais ses corps astral et mental le sont beaucoup plus. Ils frémissent en réponse à toute vibration qui les atteint, et ils sont énormément réceptifs à toutes les influences bonnes ou mauvaises qui émanent de ceux qui les entourent. Mais comme dans le cas du corps physique, les corps astral et mental perdent rapidement leur souplesse ; ils acquièrent des habitudes définies qui, une fois solidement établies, ne peuvent être changées qu’au prix de difficultés très grandes.
L’avenir de l’enfant est donc aux mains des parents dans la plus large mesure, bien plus que se l’imaginent les meilleurs des parents. Si nous pouvons nous imaginer nos amis avec toutes leurs bonnes qualités énormément intensifiées, et tous les traits de caractère indésirables détruits, nous avons l’image des résultats que peuvent produire des parents capables de comprendre et de faire tout leur devoir vis-à-vis de leurs enfants. Cette extraordinaire sensibilité à l’influence de son entourage commence pour l’enfant dès que l’égo descend sur l’embryon, longtemps avant la naissance ; elle continue, dans un grand nombre de cas, jusqu’à la période de maturité environ.
Le corps mental, ou plutôt les matériaux dont il sera fait, sont incorporés aux véhicules inférieurs pendant la vie prénatale ; la liaison devient de plus en plus intime jusqu’à l’âge de sept ans environ, où les véhicules inférieurs sont en relation avec l’égo autant que le stade de l’évolution le permet. Alors, si l’égo est suffisamment avancé, il commence doucement à gouverner ses véhicules : ce que nous appelons la conscience commence à faire entendre sa voix. Pendant la vie prénatale, l’égo se tient au-dessus de la mère qui construit son corps futur, mais l’égo ne peut guère affecter l’embryon ; il a sur lui une très faible action par l’intermédiaire de l’atome physique permanent ; de même l’embryon ne peut pas lui répondre, et par suite, il ne partage pas les pensées et émotions de l’égo exprimées dans son corps causal.
Les Hindous avaient diverses cérémonies destinées à entourer d’influences pures à la fois la mère et l’enfant avant et après la naissance. Ils créaient des conditions spéciales qui écartaient les influences inférieures et attiraient les supérieures. Ces cérémonies avaient une très grande utilité. Les germes de mal qui sont apportés par l’enfant dans ses atomes permanents sont quelquefois appelés « le péché originel », mais il est inexact de rattacher cela à la légende d’Adam et Eve. Dans l’Eglise chrétienne, le sacrement du baptême est essentiellement destiné à aider à réduire au minimum les effets de ces germes de mal. Dans ce but, on emploie de l’eau magnétisée, ou « bénite » ; le prêtre peut ainsi mettre fortement en vibration la matière éthérique du corps de l’enfant, stimuler le corps pituitaire, et, à travers lui, affecter le corps astral, puis le corps mental. La force mise en jeu monte et descend jusqu’à ce qu’elle s’équilibre.
»L’exorcisme » accompli par le prêtre a pour but de fixer les germes du mal dans leur état actuel et d’éviter qu’ils soient nourris, de sorte qu’ils s’atrophient et meurent. De plus, dans l’Eglise catholique libérale au moins, le prêtre faisant le signe de la croix sur tout le corps de l’enfant, devant et derrière, construit une forme-pensée ou élémental artificiel (ce qui a donné naissance à l’idée de l’ange gardien baptismal), rempli de force divine, et qui est ainsi animé par une espèce supérieure d’esprit de la nature appelé sylphe. La forme-pensée est une sorte de bouclier de lumière blanche devant et derrière l’enfant. Eventuellement par association avec cette forme-pensée qui est imprégnée de la vie et de la pensée du Christ Lui-même, le sylphe peut s’individualiser et devenir un Séraphin. Même si l’enfant meurt presque immédiatement, le baptême peut lui être utile de l’autre côté de la mort. Car les germes de mal pourraient être stimulés dans le monde astral, et la forme-pensée empêche cette stimulation.
Par le baptême, non seulement les centres ou chakras sont ouverts à l’influence spirituelle, mais les germes de mal sont diminués dans une certaine mesure, et l’enfant est muni de ce qui constitue pratiquement un ange gardien, une puissante influence pour le bien. De plus, le signe de la croix fait sur le front de l’enfant avec l’huile consacrée, est visible dans le double éthérique pendant toute la vie de l’homme ; c’est le signe du Chrétien, de même que le tilaka ou marque de la caste, est, chez les Hindous, le signe de Shiva ou le trident de Vishnou.
L’aura d’un enfant est souvent d’une très grande beauté, pure et brillante, sans aucun nuage de sensualité, avarice ou égoïsme qui ternissent si souvent l’aura de l’adulte. Le changement de l’aura de l’enfant à mesure qu’il vieillit, est très dramatique, à cause du développement des tendances mauvaises par les influences environnantes, tandis que les bonnes tendances sont négligées. Celui qui a vu cela cesse de s’étonner de l’extraordinaire lenteur de l’évolution humaine, et de la petitesse, des progrès réalisés par nombre d’égos au cours d’une seule vie dans le monde inférieur. Le remède à ce triste état de choses réside dans l’éducation des parents et des professeurs dont le caractère personnel et les habitudes ont un si grand effet sur le développement de l’enfant. Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire d’insister davantage sur l’importance des pensées et émotions des parents et maîtres sur les enfants dont ils ont la charge. Ce sujet a été traité en détail dans l’ouvrage de Monseigneur Leadbeater : Le Côté caché des choses, volume II.
Titre original anglais : « The Mental Body » par Arthur E.POWELL http://misraim3.free.fr/divers2/corps_mental.pdf
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