La liberté des enfants
Très jeunes, les enfants ont cette liberté de parole, mais ils la perdent très tôt parce que leur entourage va leur dicter ce qu’ils doivent dire, ce qu’ils peuvent sentir. Beaucoup d’enfants ont ainsi le sentiment que leur façon de percevoir la vie n’est pas reconnue, ils voient leur communication stérilisée. Il faut donc que nous nous donnions les moyens d’oser mettre des mots sur ce que nous sommes si nous ne voulons plus être malades.
Quand il y a le silence des mots, va se réveiller le silence des maux ; toutes les maladies sont des langages symboliques. Les enfants sont les grands réparateurs des blessures de leurs parents. L’enfant inscrit dans son corps les silences, et ce n’est que plus tard que s’inscrira dans son corps la mise à jour des blessures de ses parents. Il existe une communication verticale qui traverse les générations. Le corps est un émetteur fabuleux mais nous sommes souvent des victimes, faute d’accéder à cette connaissance.
Exister n’est qu’une succession de’ naissances et aujourd’hui est le premier jour de ma
vie à venir. Il ne s’agit pas de nier ce qui nous vient du passé, mais de le comprendre au lieu d’en être la victime ou le jouet. En ce sens le courant psychanalytique nous a fait faire un bond en avant.
A l’école
Il faudrait apprendre la communication dès la maternelle au même titre que la géographie, l’histoire ou le calcul. Bien sûr, on aide les enfants à s’exprimer, on ouvre leurs potentialités, mais ce n’est pas ça communiquer.
Communiquer, c’est mettre en commun, et cela obéit à des règles simples. Celui qui parle a besoin d’être entendu, or nous envahissons souvent l’espace du discours de l’autre, par l’appropriation et la comparaison (« Moi aussi, j’ai vécu cela… » « Je te comprends… » « Tu as raison… « , etc.). Communiquer n’est pas cela, – c’est comprendre et accepter la différence. Il ne peut y avoir de communication quand nous parlons sur l’autre, au lieu de parler à l’autre : c’est une règle d’or. Parler de l’autre, c’est éviter de parler de soi, de se positionner, de se révéler. Et cela crée un fossé, un silence, et, dans le couple, c’est parfois dramatique.
Communiquer avec les enfants
Il faut accepter le fait que les enfants ont beaucoup de langages pour « se dire ». Ils parlent à la fois avec leur corps, leur imaginaire, avec des jeux… avec une sorte de construction intermédiaire entre la réalité – ce qui est à l’extérieur d’eux et le réel , la façon dont ils perçoivent et dont ils peuvent se relier à cette réalité. En tant que parents, il nous faut accepter que l’enfant communique avec nous par une gamme de langages qui nous échappent (jeux, attitudes, maladies…), accepter d’écouter leur demande. Par rapport à cette demande, les parents doivent se positionner, dire leur inquiétude, leur peur, leur limite.
Communiquer avec les enfants, c’est aussi leur proposer des réponses possibles. Nul n’est plus sourd que celui qui entend, dans le sens que nous devenons sourds quand quelque chose nous touche profondément. Nous avons une cécité et une surdité incroyables quand nous approchons de notre propre vérité, d’une connaissance approfondie de nous-même. C’est l’étape d’accession à une vérité qui est un véritable dévoilement.
Exister, vraiment
Pour exister il nous faut sortir du « ventre », de nos peurs, de nos principes, de nos fidélités. C’est le chemin de l’initiation qui rejoint le creuset universel que les sages orientaux connaissaient bien avant nous. Toute la démarche de notre culture occidentale est tournée vers la conquête, la maîtrise de l’extérieur, alors que la pensée orientale elle, a orienté sa démarche vers l’intérieur.
L ‘homme occidental pourrait devenir universel dans la mesure où il tenterait de « rapprocher ». Les scientifiques commencent à le dire : il existe des réseaux de communication qui sont incroyablement puissants mais auxquels on n’a pas accès car nos sens ne sont pas encore éveillés.
Un jour nous parviendrons à cet éveil des sens qui permettra la communication avec l’infiniment grand, comme c’est le cas déjà dans l’infiniment petit de nos cellules. La dernière aventure à vivre est celle de la communication car nous passons à côté de la vie si nous ne savons pas nous relier à cet être universel qui est le « Divin ». Certaines expériences sont des déclics qui abolissent notre surdité et ouvrent l’accès à une autre connaissance, à une autre énergie qui nous relie à plus grand que nous.
A lire de Jacques Salomé :
- Le courage d’être soi , éd. du Relié
- Apprivoiser la tendresse , éd. Jouvence
- Éloge du couple , éd. Albin Michel
- Communiquer pour vivre , éd Clés / Albin Michel
- Je t’appelle Tendresse , éd. Albin Michel
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