Méditer, pour s’ouvrir au NON-MOI
La vision philosophique moderne, celle d’un homme supérieur qui n’a pas de compte à rendre à Dieu ni à la nature, constitue un phénomène nouveau dans l’histoire, et peu d’êtres humains nés en Occident à notre époque ont fait le travail complet d’affranchissement de cet envoûtement culturel, qui nous prive de racines célestes et terrestres. Le travail que je propose constitue une manière rapide pour faire le point avec les scories de croyances superficielles héritées dès l’enfance, et qui peuvent encore déterminer une approche trop étroite de nos possibilités d’intelligence du non-moi. Trois siècles se sont écoulés dans la même orientation suicidaire, celle qui voulait que l’homme fût maître de toutes choses, et qu’il puisse transformer à sa convenance toutes les conditions de son existence, l’Occident entraînant dans sa course effrénée le reste du globe. Nous savons aujourd’hui que les conséquences de cette attitude sont catastrophiques, que les conditions de vie ne se sont améliorées que pour une minorité ou presque, et que le climat terrestre se désorganise chaque année davantage. Nous comprenons aujourd’hui que nous avons usurpé notre liberté en nous fondant sur la science à laquelle nous demandions l’impossible: une sorte de déchiffrage abstrait des lois de l’univers qui nous permettrait, clés en main, de toujours améliorer notre société. L’être humain s’est en quelque sorte enfermé dans ses rêves d’indépendance, tout en imaginant qu’il pouvait subordonner la nature et le cosmos à sa propre volonté, en abandonnant son cœur.
C’est donc toujours en nous tournant vers des vérités anciennes, presque oubliées, que nous retrouvons le paradigme exact de la Manifestation: l’être humain n’est pas libre de tout, à chaque moment il doit répondre d’une manière particulière à la pression que la totalité exerce sur lui, pression qui a toujours été symbolisée par l’occurrence de la mort, qui peut frapper à n’importe quel moment, ou les exigences des esprits défunts, ou même, les commandements de Dieu, et enfin l’Unité transcendantale. Les êtres avisés des civilisations anciennes ne cherchaient donc pas à s’affranchir par des exploits volontaires des contraintes fondamentales de l’existence, ni à les oublier dans le culte obsessionnel du travail et du rendement. Au contraire, en essayant de comprendre les énergies plus fortes que celles de la volonté humaine, qu’ils plaçaient aussi bien dans le passé que dans l’avenir, ils s’y soumettaient d’une part, et trouvaient leur propre marge de manœuvre d’autre part. Le présent se vivait sous une certaine coupole mystérieuse qui dépassait des deux côtés. Bien que la superstition ait fini par avoir raison de la philosophie de la table d’Émeraude, comme elle vient à bout également de l’esprit supérieur des religions, certaines civilisations intelligentes savaient parfaitement utiliser les oracles, dans un esprit sacré, de la Chine à la Grèce, en Afrique, dans les royaumes celtiques, mais c’était un art difficile, secret, qui, telle la transmission du Soi par les maîtres, voyait facilement ses lignées s’éteindre ou se pervertir, la relève étant difficile, fluctuante, parfois impossible dans le cadre des changements politiques. L’autorité des lois cosmiques est difficile à découvrir, et plus encore, à ressentir.
C’est donc dans tout ce qui nous permet de reconnaître l’autorité du non-moi sur nous-mêmes, ou en tout cas, pour les plus déterminés, son droit de veto, que nous retrouvons la direction de l’être, et chaque méditation se veut ainsi une fenêtre ouverte sur l’infini des possibles, dont nous ne récusons plus l’autorité potentielle, ou l’invite opportune. Nous pouvons décliner les visages de ce «non-moi» immense vers lequel nous nous tournerons, du Divin supramental à l’ensemble de l’univers physique (et insécable) auquel nous appartenons, le ciel, la terre, la vie, le temps, l’altérité, la famille, l’environnement et la profession par exemple, mais quel que soit l’aspect choisi, ou la perspective ponctuelle, cela revient au même: la Réalité est plus forte que nous puisque elle nous cerne de toutes parts, et l’idée de la reconnaître et de la comprendre, avant de s’ériger en maître de sa propre existence, doit prévaloir sur nos croyances et nos habitudes, pour nous permettre de faire jeu égal et de coïncider. S’emboîter dans le Réel.
Bien compris, les symboles de la coupole mystérieuse nous révèlent un équilibre très fragile à trouver entre les événements qui nous arrivent par la force des choses et ceux que nous pouvons produire par nous-mêmes, par le pouvoir de nos propres qualités et aspirations. C’est une des applications de la méditation. Le Yi-King, le tarot inspiré, ou l’astrologie transpersonnelle, et en premier lieu l’ouverture au Soi, nous délivrent de l’obscénité moderne: croire que l’on peut tutoyer la nature avec mépris, rejeter le Divin comme une hypothèse gênante, s’approprier l’avenir aux seuls fins de l’ego individuel. Il existe donc une manière de vérifier si nous sommes tissés avec le non-moi, par l’ensemble du Réel, d’une manière qui réduise les déchirures probables avant qu’elles ne se développent et entraînent toutes sortes de maux, dont les somatisations, qui se passent par-dessus la conscience que nous avons nous-mêmes de notre mal-être. De cette manière, un retour fondamental à la nature terrestre, souveraine et pure, peut s’opérer, et favoriser une guérison écologique. Quant à l’ascension vers la transcendance, elle permet d’accepter sans jugement ni mépris ce difficile passage de l’histoire dans lequel nous sommes embourbés, tandis que se développe chez le chercheur un amour inconditionnel pour le Divin encore caché.
lire ici : http://www.supramental.fr/supramental_meditation.php
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