DEVENIR QUANTIQUE

 

téléchargement (4)Ces univers parallèles ne sont-ils pas les « univers bulles » dont parle le physicien russe Andreï Linde, aujourd’hui professeur à Stanford? 

Oui, Andreï Linde a décrit un scénario dans lequel chacune des fluctuations infinies de la mousse quantique originelle donne naissance à un univers, si bien que notre monde ne serait qu’une petite bulle dans un méta-univers composé d’une infinité d’autres bulles qui n’abriteraient pas de vie consciente, la combinaison de leurs constantes et de leurs conditions initiales ne le permettant pas. Il y a d’autres théories allant dans le même sens. Elles aussi permettent une infinité de combinaisons de constantes physiques et de conditions initiales. Par exemple, on peut imaginer un univers cyclique, sans commencement ni fin, dans lequel un Big Bang serait suivi d’un big crunch, qui serait suivi d’un autre Big Bang, et cela infiniment dans le passé et dans le futur. Ces univers n’existeraient non pas parallèlement dans le temps, mais en succession (en admettant que le temps possède une continuité à travers les multiples Big Bangs). Chaque fois que l’univers renaîtrait de ses cendres, il repartirait avec une nouvelle combinaison de constantes physiques et de conditions initiales. La quasi-totalité des cycles produirait des univers infertiles, sauf un de temps à autre, qui comme le nôtre, posséderait une combinaison gagnante. Nous sommes actuellement dans l’un de ces cycles gagnants, et nous sommes là pour le constater. 

Le problème, c’est que, pour l’instant, les observations astronomiques semblent plutôt indiquer que l’univers ne possède pas la quantité de matière nécessaire pour que sa gravité renverse le mouvement de fuite des galaxies et mène à un big crunch. De plus, la mystérieuse « énergie noire » qui, nous l’avons vu, constitue 73% du contenu total en matière et énergie de l’univers, s’oppose à l’action de freinage de la gravité et accélère ce mouvement de fuite. Autrement dit, jusqu’à nouvel ordre, l’expansion de l’univers est éternelle. Mais les physiciens, jamais à court d’imagination, ont proposé un scénario où un nouveau Big Bang peut surgir sans big crunch. Ainsi le physicien américain Lee Smolin a spéculé qu’un nouvel univers peut surgir des entrailles d’un trou noir dans une fantastique explosion, créant un nouveau domaine de temps et d’espace à la manière de notre Big Bang. Ce scénario n’est soutenu pour l’instant par aucune observation astronomique. Finalement, je dois mentionner l’idée étrange du physicien américain Hugh Everett : l’univers se diviserait en deux chaque fois qu’il y aurait choix ou décision. Par ce constant processus de division, une variété quasi infinie d’univers naîtrait. Certains univers ne se distingueraient du nôtre que par la position d’un seul électron dans un seul atome. D’autres différeraient davantage. Il y en aurait un où vous serez parti à un autre rendez-vous au lieu de rester ici à parler avec moi. D’autres univers existeraient où le mur de Berlin ne serait pas tombé et où Napoléon aurait gagné Waterloo. D’autres encore différeraient de façon plus fondamentale : ils auraient des constantes fondamentales et des conditions initiales différentes. A chaque dédoublement de l’univers de l’univers, vous et moi nous nous dédoublerions. Un scénario pour le moins bizarre : il n’est pas du tout évident que de telles divisions de notre corps et de notre esprit puissent se produire sans que nous en soyons conscients. 

La science permet donc l’existence d’un « multivers » composé d’innombrables univers parallèles tous déconnectés les uns des autres. Tous ces univers seraient inaccessibles à l’observation, sauf le nôtre. Qu’ils soient inaccessibles à l’observation, et donc invérifiables, fait violence à ma sensibilité d’observateur de l’univers. Sans vérification expérimentale, la science a tôt fait de s’enliser dans la métaphysique. C’est pourquoi je parie pour l’autre hypothèse, celle de la nécessité. Ce pari d’un seul et unique univers est un pari dans le sens pascalien. En dehors du fait qu’un multivers est invérifiable, il y a d’autres arguments philosophiques qui me font pencher du côté de la nécessité. Vient d’abord le principe d’économie aussi connu sous le nom de « rasoir d’Occam », du nom du théologien et philosophe Guillaume d’Occam qui vécut au XIVe siècle. Ce principe pose la question : « Pourquoi faire compliqué si on peut faire simple ? ».

Pourquoi créer une infinité d’univers infertiles juste pour en avoir un qui soit conscient de lui-même ? Une autre raison pour laquelle je m’insurge contre l’hypothèse du hasard est que je ne puis concevoir que toute la beauté, l’harmonie et l’unité du monde soient le seul fait de la chance. L’univers est beau : les images somptueuses des pouponnières stellaires ou les tracés élégants des bras en spirale d’une galaxie, la splendeur des couchers de soleil ou les délicats contours d’une pétale de rose nous touche au plus profond de notre âme. L’univers est harmonieux parce que les lois physiques qui le régissent ne varient ni dans le temps ni dans l’espace. Autre argument pour mon pari contre le hasard : il existe une profonde unité dans l’univers. L’univers tend vers l’Un.

A mesure que la physique a progressé, des phénomènes que l’on croyait totalement distincts ont pu être unifiés. Au XVIIe siècle, Newton unifie le ciel et la Terre : il démontre que c’est la même force universelle, la force de la gravité, qui dicte la chute d’une pomme dans le verger et le mouvement des planètes autour du Soleil. Au XIXe siècle, Maxwell montre que l’électricité et le magnétisme ne sont que deux aspects différents d’un même phénomène. Il démontre ensuite que les ondes électromagnétiques ne sont autres que des ondes de lumière, unifiant ainsi l’électromagnétisme avec l’optique. Au début du XXe siècle, Einstein unifie le temps et l’espace, l’énergie et la matière, et à l’aube du XXIe siècle, les physicisiens travaillent avec acharnement pour unifier les quatre forces fondamentales de l’univers – les deux forces nucléaires forte et faible, la force électromagnétique et la force de gravité – en une seule Superforce. J’ai de la peine à croire que cette profonde unité est le fruit du pur hasard.

Source http://www.cles.com/

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