L’ARBRE DE VIE
L’homme est considéré comme un arbre mobile ; en effet si l’homme ne s’enracine pas en terre à l’image de l’arbre végétal, il tire, malgré tout sa nourriture terrestre de la même source. Il tire sa nourriture spirituelle ou céleste de la lumière et du soleil captée par l’intermédiaire de ses sens et de ses chakras.
Pour se ressourcer, l’homme peut se mettre à la terre en se promenant pieds nus sur l’herbe où perle la rosée du matin, ainsi en contact avec les éléments Terre, Air, Eau et Feu (soleil), il rééquilibre ses différents corps énergétiques. D’autre part,
lorsque l’homme désire se ressourcer spirituellement, il peut le faire dans un temple ; immobile et recueilli, il connecte ses énergies subtiles à la terre et par la prière il communie avec Dieu. L’homme devient ainsi l’arbre, le lien vivant par lequel circule les énergies subtiles et spirituelles entre le ciel et la terre. La fonction de mobilité de l’homme-arbre confère à l’être humain d’avoir conscience de sa propre vie.
L’homme vertical représente le lieu de la manifestation métaphysique de la volonté divine. L’homme devient un élément fondamental de la manifestation de Dieu sur terre. L’homme est comme un fusible entre le plan spirituel et le plan terrestre.
Lorsqu’il surcharge sa vie de considérations matérialistes, il se « déconnecte », en quelque sorte de Dieu. Il rompt le courant descendant, divin en lui. Lorsqu’il observe une surcharge de spiritualité, il se détache de la réalité matérialiste, qui est en réalité une illusion de l’esprit, il se met à vivre sur un plan différent, plus subtil, presque irréel.
Dans l’homme spirituel, l’axe vertical est symbolique de la « Voie Personnelle » qui conduit à la perfection. Cet axe figure également la « Voie Universelle » par laquelle nous pourrons et devrons accéder au plan divin un jour ou l’autre.
L’Arbre de la Connaissance
Au sein du jardin d’Eden l’Arbre de Vie et l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal sont un seul et même arbre qui contient ces deux aspects. L’arbre de vie est le
support de la Connaissance. Puisque la conscience de la vie est le propre de l’homme, cette Connaissance est la prise de conscience des opposés qui séparent la vie. L’homme primordial a découvert la dualité, l’opposition Bien-Mal, Lumière-Ténèbres, Beauté-Laideur, Positif-Négatif, etc…
Tant que l’homme ne hisse pas son niveau de conscience au-delà de cette dualité, l’ignorance règne en lui. C’est l’extinction de l’être primordial, l’Adam des origines. Ils faut transmuter dans notre esprit les opposés en complémentarité. L’homme, qui en principe est condamné à l’existence terrestre, doit faire l’effort pour accéder à la vie éternelle.
Il existe donc bien un mouvement ascendant-descendant, le descendant du ciel vers la terre qui est lié à la connaissance des opposés et l’ascendant de la terre au ciel qui est lié à l’arbre de vie. La descente symbolise la dualité, les piliers latéraux de l’arbre des séphiroth, l’ascension symbolise la vie qui est l’axe central de cet arbre, le point d’équilibre par lequel on remonte vers nos origines.
Dans la kabbale, nous apprenons que l’homme primordial est l’Adam Kadmon, qui est le schéma ou le plan par lequel Dieu créa l’homme. Au jardin d’Eden Adam était seul. Il possédait en lui les deux sexes. Durant son sommeil, ou son inconscience, par l’une de ses côtes Eve fut créée, ce fut la première division, la manifestation de la dualité au sein du paradis. Dés lors ils sont tous les deux exposés à la mort. Mais il n’y a mort que s’il y a naissance car la vie ne s’oppose pas à la mort, elle se situe au-delà, sur un plan plus élevé.
Tous les corps de chair sont appelés à se décomposer, la mort dont nous parlons ici est la mort de l’esprit. Aussi, dans le christianisme, l’arbre de mort mène à l’arbrede vie tandis qu’au jardin d’Eden le sens en est inversé.
« Jésus, portant sa croix arrive au lieu du crâne, qui se dit en hébreu « Golgotha ». C’est là qu’il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu ».
C’est sur le plan de la conscience que l’arbre prend toute sa signification. Quelle image et quel enseignement significatif que les trois croix du Mont du Crâne,
le « Golgotha » ! La croix du Christ est entourée d’un bon larron et d’un mauvais larron (le Bien et le Mal). Elle est un arbre « mort » qui reprend vie en servant de support au sacrifice de Dieu fait homme. Le Christ Jésus redonne ainsi vie à l’arbre central et symbolique, à la conscience des hommes par son sacrifice qui est une ascension vers Dieu.
La croix du bon larron, celle du Bien, est dite « d’équilibre ». C’est celle de l’équilibre antérieur à la chute. La croix du mauvais larron, celle du Mal, est dite « d’énergie » car elle concerne le futur qui prend naissance dans le présent. C’est la représentation exacte du schéma divin de l’Arbre des Séphiroth, c’est la voie du sacrifice qu’il faut suivre en devenant un feu salvateur, l’Esprit issu de la pensée, le cinquième élément, la Quintessence qui remonte vers Dieu par le pilier central, l’Arbre de Vie.
L’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal est à la fois équilibre et énergie, passé
et futur, alors que l’Arbre de Vie est Esprit, instant présent. Il n’était pas convenable de traiter du symbolisme de l’Arbre sans en aborder l’un des aspects les plus mystérieux, l’Arbre de Vie. Cet Arbre est constitué par des réceptacles dans lesquels la lumière divine est reçue puis par lesquels elle émane et révèle l’essence divine.
Les séphiroth ne sont pas des êtres mais des émanations qui constituent le fondement du monde des idées divines. Le mot « Séphiroth » (pluriel de Séphira) a pour racine Samech-Pé-Resch. Cette racine procure trois significations : nombre, discours et écriture. L’Arbre des séphiroth constitue l’ensemble de la numération par laquelle Dieu se fait connaître aux hommes par la transition de l’unité vers le nombre. L’univers tout entier est régit par le nombre.
« Sache qu’avant la création, seule existait la lumière supérieure qui, simple et infinie, emplissait l’univers dans son moindre espace. Il n’y avait ni premier ni dernier, ni commencement, ni fin. Tout était douce lumière harmonieusement et uniformément équilibrée en une apparence et une affinité parfaites, quand par sa volonté furent créés le monde et ses créatures, dévoilant ainsi sa perfection – source de la création du monde – ,
voici qu’il se contracta en son point central, il y eut alors restriction et retrait de la lumière, laissant autour du point central entouré de lumière un
espace vide formé de cercles.
Après cette restriction, d’en haut vers en-bas un rayon s’est étiré de la lumière infinie puis est descendu graduellement par évolution dans l’espace vide. Epousant le rayon, la lumière infinie dans l’espace vide est alors descendue, et tous les mondes parfaits furent émanés.
Avant les mondes, il n’y avait que Lui, dans une Unité d’une telle perfection, que les créatures ne peuvent en saisir la beauté, car aucune intelligence ne peut Le concevoir, car en aucun lieu Il ne réside, Il est infini, Il a été, Il est et Il sera. Et le rayon de lumière est descendu dans les mondes, dans la noirevacuité, chacun de ces mondes étant d’autant plus important qu’il est proche de la lumière, jusqu’à notre monde de matière, au centre situé, à l’intérieur de tous les cercles, au centre de la vacuité scintillante, bien loin de Celui qui est Un, bien plus loin que tous les autres mondes, alourdi à l’extrême par la matière, car à l’intérieur des cercles Il est, au centre même de la vacuité scintillante… »
Dans le principe les séphiroth sont des réceptacles de la lumière divine la plus pure. En traversant ces réceptacles la lumière se densifie comme un voile coloré qui l’alourdit et lui donne sa couleur. L’Arbre est constitué par dix séphiroth qui nous ramènent à la tétraktis divine par les quatre mondes que celui-ci traverse (1 + 2 + 3 + 4 = 10).
Les quatre mondes traversés par l’arbre de vie sont les mondes de :
1- ATSILUTH :
Le monde de l’émanation. C’est le niveau de la conscience pure, le niveau le plus élevé des quatre, le plus proche de la source créatrice où le divin est parfaitement exprimé. Il est le monde de la volonté première où s’élabore l’intention de créer, il est positif. Il est encore dans l’infinité de « l’Aïn –Soph ».
2- BERIAH :
Le monde de la création. La notion du « Je » s’extrait du non être. La possibilité de créer devient effective. C’est à ce niveau que se constituent les archétypes de la création contenus dans le récit de la Genèse. C’est le monde passif. BERIAH est le monde de la manifestation universelle.
3- YETZIRAH :
Le monde de la formation, le monde de la manifestation subtile. C’est également le monde intermédiaire angélique. La création devient intelligible, et les formes s’élaborent. Il est neutre.
4- ASSIAH :
Le monde de l’action. Celui des faits et des phénomènes. L’effectivité de l’existence. C’est la construction proprement dite de l’univers, le monde matériel. Sur le plan humain, les séphiroth sont la source des dix puissances de l’âme ; les trois supérieures sont la conscience pure et les sept autres les forces émotionnelles de l’être. C’est l’avènement d’une nouvelle étape. ASSIAH est le stade final du processus créateur.
« Les quatre mondes et leurs sept palais sont dans l’homme ses différentes formes d’existence, disons ses différents corps, dont le plus dense du monde d’ASSIAH est le corps physique ».
Les dix étapes qu’empreinte la lumière pour se manifester donnent à l’homme la possibilité d’en comprendre l’aspect infini. Chaque séphira devient la représentation d’une vertu de la divinité.
Elles sont un principe universel, une représentation des lois de la nature dont les données régissent l’infiniment petit et l’infiniment grand. Cette organisation est adaptable à tous les êtres. Elle se nomme « numérotation » parce qu’elle fait tomber l’univers sous la gouverne du nombre.
Dans l’ordre de la plus élevée, ou plus subtile, nous avons :
1- KETER
« La Couronne ». Elle est le siège de la conscience. La lumière y est la plus pure. Elle est l’origine de tout, le lien avec Dieu.
2- HOCHMAH
« La Sagesse ». Elle est la matière première, l’origine des puissances intellectuelles. Dans l’homme, c’est l’intuition, l’imagination.
3- BINAH
« L’Intelligence ». Elle permet de comprendre Hochmah et d’intellectualiser ou de spéculer la sagesse.
4- HESSED
« La Clémence » est la bienveillance illimitée. C’est le partage, l’expansion.
5- GEBURAH
« La Rigueur », la restriction, l’intransigeance, la discipline.
6- TIPHERET
« La Beauté », l’harmonie des forces émotionnelles énergiques de l’être.
7- NETZACH
« La Victoire », elle structure l’ouverture de Hessed, permet de produire l’acte qui réalisera l’intention.
8- HOD
« La Splendeur », qui contrôle et maîtrise l’acte pratique de Netzach.
9- YESSOD
« Le Fondement » ou fondation sur qui reposent les forces émotionnelles de l’âme, si Yessod est stable, l’édifice se maintient.
10- MALKUTH
« Le Royaume » ou la matérialisation. C’est le support physique des émotions, l’acte exprimé.
Les séphiroth sont reliées entre elles par des canaux, 22 branches au total, qui portent chacun une lettre de l’alphabet hébreu. Les dix séphiroth et les vingt-deux canaux constituent les trente-deux sentiers de la sagesse.
L’attribution des lettres aux sentiers est issue d’un ancien commentaire du Sépher Yetzirah ; elle peut être différente de l’ordre alphabétique le plus communément adopté, mais au regard de la Genèse, tout devient clair. Dans le premier chapitre de la Genèse, le nom d’HELOHIM est dit 32 fois, allusion sans doute aux nombres des sentiers. L’expression « Dieu a dit » apparaît 10 fois comme les 10 paroles qui présidèrent à la création du monde. 32 sentiers moins 10 séphiroth donnent 22. Il reste 22 fois le nom d’HELOHIM, qui se décomposent ainsi :
- L’expression « Dieu fit » revient 3 fois et peut se
rattacher aux 3 lettres mères.
- L’expression « Dieu vit » revient 7 fois et peut se
rattacher aux 7 lettres doubles.
- Les 12 noms qui restent sont en relation avec les 12 lettres
simples de l’alphabet.
La composition de l’arbre des séphiroth et des sentiers révèlent la chronologie des actions des ELOHIM. Chacun des sentiers expriment un aspect particulier de la création. L’homme étant considéré comme un microcosme, les six jours de la création décrivent les deux bras, les deux jambes, le tronc et le sexe. C’est pour cette raison que le texte de la Genèse dit : « créons l’homme à notre image ». A l’image du système nerveux du corps humain, la fonction des sentiers est de permettre à l’Esprit un contrôle sur la création, l’autre de permettre à la création d’accéder à l’Esprit. Pour l’être, contrôler les sentiers, c’est pénétrer l’Esprit de Dieu et pour cela, il doit voyager le long des 32 sentiers.
L’arbre de vie est donc la construction non visible du schéma du plan divin. En effet, comme on vient de le voir, c’est par un engagement religieux, voire mystique, que l’être humain peut reconstruire son corps de gloire, son corps lumineux, son corps divin. Au terme d’un voyage au long des sentiers de la sagesse, l’être va ouvrir sa conscience à la lumière divine. Cet arbre est comme un schéma psychologique où chaque couloir, où chaque pièce doivent être visités pour comprendre la création de Dieu et réintégrer le Divin.
L’arbre est un plan archétype de l’homme primordial que Dieu a créé avant la chute d’Adam, création émanant du ciel vers la terre. Aussi le seul moyen de remonter vers Dieu est de refaire le chemin inverse, depuis la terre vers le ciel, en cheminant sur les 32 sentiers de l’arbre de vie. La méditation sur les séphiroth permet de parvenir à la Connaissance et de pouvoir mettre en pratique celle-ci, car la kabbale n’est pas qu’une pratique mystique, c’est également une pratique magique.
C’est ce en quoi le symbolisme de l’arbre est si important ; il nous révèle que nos véritables racines sont célestes et non terrestres, que nous ne vivons qu’une vie illusoire en ce bas monde et que la vraie vie est celle promise par la remontée de l’arbre. Au fils des incarnations nous franchissons de nouveaux paliers qui nous mènent vers la perfection.
Cette démarche demande de la volonté et de la persévérance. Nous pouvons comprendre la création en méditant chacune des séphira et en cheminant sur les divers sentiers. C’est une quête qui demande beaucoup de temps, c’est pourquoi le meilleur moyen d’y parvenir est la méditation qui permet d’accéder à un autre plan de conscience.
Nous ne pouvons connaître Dieu uniquement par ses multiples aspects mais en étudiant l’ensemble de ceux-ci simultanément, car Dieu est indivisible. Les kabbalistes parlent d’une onzième séphira, mystérieuse et invisible, née du mariage de Binah et d’Hochmah.
Cette séphira, qui se nomme Daath, représente la Connaissance Intérieure, son nombre est 11 et onze est un nombre solaire ; c’est donc la représentation du Christ en soi, le Cœur, siège de l’Ame, le Soleil Intérieur qu’il nous faut reconquérir…
« Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie, produisant douze récoltes. Chaque mois il rend son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations »
(Apocalypse de Saint Jean ch 22, v2)
« Heureux qui a trouvé la sagesse, et qui possède l’intelligence, car sa possession vaut mieux que possession l’argent et son revenu est meilleur que l’or. Elle est plus estimable que le corail et rien de ce que l’on peut désirer ne l’égale. Dans sa droite, longueur des jours, dans sa gauche, richesse et gloire. Ses voies sont des voies délicieuses et ses sentiers sont paisibles. Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, et bienheureux ceux qui la possèdent »
(Proverbes ch.3, 13 et 3, 18)
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