Le chaînon manquant manque toujours
Depuis la naissance de la théorie évolutionnaire en 1859 jusqu’à la rédaction de ceci, on n’a jamais trouvé de preuve évidente d’une espèce transitionnelle conduisant jusqu’à nous – des fossiles démontrant que nos ancêtres évoluaient vers une forme de plus en plus humaine. Et ce, en dépit d’une technologie sophistiquée et d’une main-d’œuvre importante consacrée à la question. Si on examine de plus près l’arbre généalogique humain, on s’aperçoit que plusieurs des liens que l’on suppose incontestés entre des découvertes de fossiles ne sont en réalité que des liens présumés ou inférés.
Autrement dit, la preuve concrète qui nous relie aux vestiges de ces créatures du passé n’a pas encore été établie.
Dans De l’Origine des Espèces, Darwin admet ce manque de preuves. Il reconnaît aussi qu’il est peut-être dû à un défaut dans la faço des géologues d’envisager la Terre ou dans sa théorie de l’évolution. Reprenons ses propos :
La théorie de la sélection naturelle impliquant l’existence antérieure d’une foule innombrable de formes intermédiaires… on peut se demander pourquoi on ne voit pas autour de nous toutes ces formes intermédiaires ; Pourquoi ne trouvons-nous pas, dans toutes les formations géologiques, une grande abondance de ces formes intermédiaires ? Bien que les recherches géologiques aient incontestablement révélé l’existence passée d’un grand nombre de chaînons qui ont déjà rapproché les unes des autres bien des formes de vie, elles ne présentent cependant pas, entre les espèces actuelles et les espèces passées, toutes les gradations infinies et insensibles que réclame ma théorie, et c’est là, sans contredit, l’objection la plus sérieuse qu’on puisse lui opposer.
Réfléchissant à ce dilemme apparent, Thomas H.Morgan, lauréat du prix Nobel de médecin en 1933, déclarait qu’en appliquant « les analyses les plus strictes pour discerner les espèces » nous n’avons « jamais vu un seul cas de transformation d’une espèce en une autre ». Deux découvertes de la fin du XXè siècle feront peut-être la lumière sur la raison pour laquelle le point entre l’être humain ancien et moderne pose problème et sur ce que révèle le chaînon manquant à propos de notre histoire. Pour des motifs scientifiques solides, si l’australopithecus afarensis et les Neandertal racontent l’histoire de quelqu’un, ce n’est sans doute pas la nôtre.
[…] De la couleur des yeux et des cheveux jusqu’au sexe et à la prédisposition à certaines maladies, les codes déterminant l’apparence et le fonctionnement de notre corps sont contenus dans le plan de nos gènes, dans l’ADN. Une fois déchiffré le code qui détient les éléments de notre passé, la science qui consiste à mettre en correspondance des segments d’ADN pour déterminer la paternité, identifier les personnes disparues et associer les auteurs de crimes au x lieux des crimes en question est devenue une pierre angulaire dans les domaines policier et médicolégal. C’est désormais le fil de trame d’une série policière des plus populaires dans l’histoire de la télévision… En 1987, pour la deuxième fois dans l’historie, on appliqua à l’étude des origines humaines les procédés dont se servent les investigations médico-légales de CSI et dont les résultats sont désormais admis comme preuves jusqu’à la Cour suprême. En 2000, les chercheurs du Centre d’identification humaine à l’Université de Glasgow publièrent les résultats de leurs comparaisons de l’ADN d’une espèce censée avoir été parent de l’humanité moderne. Avec des collègues en Russie et en Suède, les scientifiques ont évalué l’ADN d’un nourrisson Neandertal exceptionnellement bien préservé qu’on avait découvert dans une grotte en calcaire dans le nord du Caucase, à la frontière entre l’Europe et l’Asie.
Théoriquement, la comparaison génétique devrait résoudre l’énigme de notre ascendance, et pourtant les résultats soulèvent davantage de questions sur notre lignée évolutionnaire et nos origines, questions qui débouchent sur une zone « interdite ».
L’expression premier homme moderne (PHM) ou premier homme anatomiquement moderne (PHAM) s’est substituée à Cro-Magnon et réfère à notre ancêtre le plus rapproché. Les scientifiques estiment désormais que les différences physiques entre les humains contemporains et ceux des PHM sont si subtiles qu’elles ne justifient pas de scinder les regroupements. Autrement dit, même si les humains d’autrefois ne se comportaient pas comme nous, ils nous ressemblaient. Ou inversement, nous leur ressemblons toujours ; notre apparence n’a pas tellement changé depuis l’apparition de nos premiers ancêtres sur terre il y a environ 200 000 ans. Ce fait s’avère problématique pour ceux qui cherchent à étirer les changements évolutionnaires sur de longues périodes en vue d’expliquer comment nous avons atteint notre forme actuelle.
En 2003, des avancées en technologie génétique ont permis d’établir des comparaisons encore plus ambitionneuses avec l’ADN ancien. En l’occurrence, des analyses ont mis en rapport les Neandertals et nos premiers ancêtres confirmés, les PHM. Une équipe de scientifiques européens compara de l’ADN provenant de deux PHM, datant respectivement de 23 000 ans et 25 000 ans, à de l’ADN de Neandertals remontant de 29 000 à 42 000 ans. Les conclusions, publiées dans Proceedings of the National Academy of Sciences, précisait : « Nos résultats contribuent aux preuves recueillies de divers domaines, preuves qui rendent très improbable l’hypothèse d’un « héritage Neandertal ». Autrement dit, les Neandertal que films et bandes dessinées décrivent comme des hommes des cavernes ne sont pas les ancêtres du PHM. Nous ne sommes donc pas descendus d’eux ; ils ne peuvent être nos ancêtres.
retranscrit par Francesca du blog http://francesca1.unblog.fr/
Extrait du livre de Gregg Braden : Vérité essentielle – Activer la mémoire de nos origines, de notre histoire et de notre destinée aux Editions Ariane
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