AU DELA DE LA CONNAISSANCE ET DE LA SAGESSE : LE BON SENS
A tous points de vue, le XXè siècle a été une folle randonnée pour les peuples de la Terre. De 1900 à 2000, la population est passée de 1,6 à plus de 6 milliards d’individus, nous avons survécu à deux guerres mondiales et à trente ans de guerre froide, nous avons frissonné à l’idée de 70 000 ogives nucléaires que seule la pression sur un bouton pouvait déclencher, nous avons déchiffré le code génétique de la vie, marché sur la Lune et friqué des ordinateurs qi donnent à ceux qui ont guidé les premiers hommes dans l’espace l’allure de jouets d’enfant. Cens ans de la croissance démographique la plus rapide et des lus graves périls à notre survie en 5 000 ans d’histoire. Plusieurs historiens estiment que le XXè siècle a été l’ère de la connaissance, et c’est tout à fait compréhensible.
Les découvertes scientifiques sur la nature et la vie ont été accompagnées de formidables observations sur notre passé. Des documents écrits traitant des concepts fondamentaux de trois religions majeures furent dévoilés au milieu du siècle. D’autres interprétations furent données sur des objets archaïques provenant d’Egypte, de Sumer et de la péninsule du Yucatan. Le siècle dernier se prêta parfaitement au recouvrement de savoirs séculaires. Nous continuerons sans doute à effectuer des découvertes qui viendront éclairer davantage notre histoire, mais il est évident qu’en ce nouveau siècle, nous vivons dans un monde très différent de celui de nos parents et de nos grands-parents.
Le XXIè siècle sera perçu comme le siècle de la Sagesse, comme une époque où nous sommes contraints d’appliquer ce que nous avons appris afin de survivre dans le monde que nous avons créé. Pour y arriver, il faudra aborder nos problèmes autrement que nous avions l’habitude de le faire. Nous serons mis au défi de puiser à tout ce que nous savons et de l’employer de manières novatrices, créatives et inédites. Pour y parvenir, il faudra un autre type d’informations que celles des ouvrages scientifiques débordant de théories, de preuves et de faits.
Il faudra tempérer les faits du savoir scientifique – les données des fiches techniques et les résultats de modèles informatiques, de graphiques et de prédictions – grâce à la capacité qui nous distingue des autres formes de vie. Il faudra faire appel à ce que les générations d’autrefois appelaient simplement le bon sens, une expression pas si banale.
C’est plutôt le genre d’attitude qui découle d’un processus systématique et organisé où nous évaluons les connaissances provenant de sources diverses, où nous les marions et les soupesons avant de faire un choix. Et le facteur intangible qu’est le bon sens, basé sur l’intuition ou l’instinct, n’intervient que quand nous ne parvenons pas à une décision finale. Cette attitude est excellente, car dans certaines situations récentes, c’est précisément cette qualité indéfinissable de la prise de décision qui nous a peut-être sauvés de la catastrophe. Un événement à l’apogée de la guerre froide illustre parfaitement le pouvoir du bon sens.
[…] Si les règles de la science n’ont plus de sens dans le cadre des découvertes récentes, c’est probablement qu’elles ne comportent qu’une information partielle. Mais le seul fait d e ne pas avoir encore toute l’information ne requiert pas pour autant que nous continuions d’obéir aux anciennes méthodes simplement parce que « c’est ainsi qu’on a toujours procédé ». Suivre le dogme scientifique à notre détriment n’a aucun sens. C’est pourtant ce que nous faisons chaque fois que nous enseignons aux étudiants des idées que nous savons ne plus être vraies. Il faut impérativement allier sagesse, connaissances et méthode scientifique au bon sens en cherchant à répondre aux questions sur la vie, la guerre et la survie. Si un argument conduit à une impasse, il faut se remettre au travail et recommencer ou continuer dans cette impasse. L’achèvement du Projet génome humain a marqué un énorme cul de sac pour la génétique au début du millénaire ; Le même phénomène se reproduira peut-être avec la quête de la « particule Dieu » en physique.
En toute honnêteté je crois que nous cherchons des réponses pour nous aider à comprendre le monde et à régler les problèmes du quotidien. Pour y arriver, les connaissances ne suffisent nettement pas. En ce début de l’ère de sagesse, il nous faudra faire appel à tout ce que nous avons à notre disposition pour naviguer sur le territoire des vérités profondes qui font surface.
Je suis persuadé que la qualité indéfinissable qu’est le bon sens viendra jouer un rôle décisif dans notre parcours.
retranscrit par Francesca du blog http://francesca1.unblog.fr/
Extrait du livre de Gregg Braden : Vérité essentielle – Activer la mémoire de nos origines, de notre histoire et de notre destinée aux Editions Ariane
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