OU AVONS-NOUS APPRIS LA GUERRE
La meilleure science de notre époque indique que les premières guerres à grande échelle furent menées durant la transition entre la dernière ère glacière et le climat que nous connaissons aujourd’hui. Bien que la dernière ère glaciaire semble très lointaine dans le temps, elle ne l’est pas dans le contexte de notre histoire sur cette planète. Dix mille ans sur 200 000, cela nous lais 190 000 ans (soit 95 % de notre histoire) où nous ne possédons aucune preuve de guerre à grande échelle dans l’humanité.
Ce fait semble indiquer que la guerre est un phénomène relativement récent. Deux perspectives sont possibles quant au rôle de la guerre dans le passé. Ou bien il ya eu de grandes guerres dans l’Antiquité et nous n’en avons simplement pas encore découvert les preuves, ou bien nous avons trouvé la plus ancienne preuve de guerre, ce qui signifie qu’elles sont une anomalie.
En examinant ces deux possibilités, j’ai sû me poser une question plus essentielle encore ; « quelle que soit l’époque à laquelle ont commencé les grandes guerres, où avons-nous d’abord appris à faire la guerre ? » Sans films de violence à imiter, sans expérience antérieure sur laquelle s’appuyer et sans modèles d’armes ni de défenses, qui aurait même pu songer à fabriquer des armes dans le passé ? Par exemple, qui aurait pu penser à utiliser une la me d’acier ? Par exemple, qui aurait pu penser à utiliser une lame d’acier effilée ou une lourde boule munie de pointes pour enlever la vie à un autre être humain ?
Nous ne connaîtrons jamais la vraie réponse à cette question, mais nous pouvons trouver des indices dans les plus anciens comptes-rendus de nos plus anciennes expériences terrestres. L’un de ces comptes-rendus est récemment réapparu après avoir été banni par l’Eglise chrétienne au IIè siècle. Il s’agit du Lire d’Enoch, le prophète.
Il est clair que les premiers historiens de l’Eglise tenaient ce livre en haute estime. On en trouve des mentions dans les commentaires de spécialistes chrétiens respectés tels qu’Irénée de Lyon et Clément d’Alexandrie. Par exemple, Tertullien, l’historien carthaginois du IIè siècle, dit du Livre d’Enoch qu’il est sacré, reconnaissant que les paroles d’Enoch étaient divinement inspirées et que l’on devait leur accorder autant de crédibilité qu’aux autres documents écrits, tels le Livre d’Isaïe et les Psaumes. Spécifiquement, Tertullien dit ceci : « Comme Enoch a parlé dans les mêmes Ecritures que le Seigneur e que « chaque texte sacré convenant à l’édification est divinement inspiré », ne rejetons rien de ce qui nous appartient.
Le Livre d’Enoch fut perdu pendant presque 1 500 ans, jusqu’à ce qu’une copie soit présentée à la Bodléienne, la principale bibliothèque de l’Université d’Oxford, où on le redécouvrit. Il fut par la suite traduit par Richard Lawrence en 1821.
Le Livre d’Enoch commence par un récit où le prophète dicte à son fils Mathusalem l’histoire secrète de l’espèce humaine. Mathusalem écrit que son père lui parlait pendant qu’il avait « une vision céleste […], les yeux grands ouverts » Dans cet état altéré de conscience, Enoch révèle les raisons du déclin de l’humanité ainsi que la source de la souffrance, y compris la guerre, dont il était témoin à son époque. Nous trouvons là un des plus anciens témoignages sur les origines de la guerre. Allant plus loin que les références vagues qui accompagnent parfois les révélations des anciens prophètes, Enoch raconte ses visions avec précision.
Il explique que certains « anges du ciel » ont divulgué à l’humanité les secrets de la création bien avant que les premiers membres de notre espèce aient vécu ici assez longtemps pour avoir acquis la sagesse d’utiliser ce pouvoir de manière responsable. Il donne en détail les secrets des herbes et des plantes du langage, de l’écriture et de l’alchimie qui furent révélés au peuple de la Terre. Cependant, comme les humains n’avaient pas la maturité nécessaire pour appliquer sagement ce qu’ils avaient appris, ce savoir fut mal employé. Dans sa quête désespérée pour connaître la nature de notre monde, Enoch demande qu’on lui montre « tout ce qui fut caché. En réponse, il dit à son fils qu’on lui a donné les noms réels des « anges qui sont descendus du ciel sur la Terre, qui ont révélé des secrets aux fils des hommes et qui ont séduit les fils des hommes pour qu’ils commettent le péché ».
Nommant certains anges en particulier et disant quels secrets chacun avait révélés, Enoch affirme dans son texte que l’ange Ezéchiel, par exemple, a « enseigné aux hommes toute espèce d’iniquité et révélé au monde toutes les choses secrètes effectuées dans les cieux ». La partie de l’expérience d’Enoch qui s’applique à l’origine de la guerre est sa description de ce que l’ange Gadrel a appris au peuple de la Terre. C’est cet ange qui « a fait connaître aux enfants des hommes les instruments de la mort, la cotte de mailles, le bouclier et l’épée pour massacrer » [c’est l’auteur qui souligne].
Etablissant une distinction entre le savoir et la sagesse issue de son application dans notre vie, Enoch raconte comment les secrets du ciel finirent par se perdre dans le monde de l’homme : « la sagesse a voulu s’installer chez les fils des hommes, mais elle n’a pas trouvé d’habitation ». Il conclut ainsi cette partie de sa vision : « La sagesse n’a trouvé sur la terre aucun endroit où habiter ; sa place est donc dans les cieux ».
Le récit d’Enoch où il est écrit que les instruments de la guerre ont été introduits chez les humains par des êtres d’un autre monde appartient à la tradition chrétienne des débuts, mais il n’est pas le seul à dire que des êtres venus d’ailleurs ont apporté sur la Terre l’idée de la guerre et des instruments pour la faire.
Pas moins de 36 traditions – y compris Sumer et l’Egypte ancienne, et jusqu’à l’époque moderne – font état de plus de 80 « dieux » de la guerre et de leurs relations avec les humains. En plus de la théologie chrétienne familière relative aux anges décrits par Enoch, les exemples incluent la tradition tibétaine (Begtse), hindoue (Karttikeya), japonaise (Bishamon), celtique (Teutatès), grecque (Arès), perse (Dev), maya (Buluc Chabtant), aztèque (Mixcoatl), polynésienne/Maorie (Maru), babylonienne (Ninurta), germanique (Tyr), hittite (Wurukatte), akkadienne (Zababa), finlandaise (Turris) et amérindienne (Ictimike).
Lorsque autant de traditions aussi diverses possèdent une histoire sur le même thème, il n’est pas inhabituel de découvrir que chacune s’est inspirée d’un même événement factuel qui s’est produit dans le passé. Même si cela peut sembler assez invraisemblable à première vue, lorsque nous combinons la preuve scientifique de l’absence de guerre chez d’anciennes civilisations avec le thème presque universel de l’origine de la guerre selon de nombreuses traditions, nous acquérons une vision permettant de comprendre le pourquoi de toutes ces guerres insensées, ce qui nous amène à adopter une nouveau point de vue pour abandonner l’habitude de nous entretuer afin de régler nos différends.
Ce point de vue permet d’entrevoir une transition pacifique entre la souffrance contemporaine et le monde nouveau qui naît en cette fin de cycle. S’il nous faut des raisons de croire que nous sommes davantage que les pires actes de haine qui ont ponctué notre passé, il suffit de considérer les innombrables actes de bonté qui sont accomplis tous les jours dans le monde ainsi que les œuvres d’art qui nous rappellent constamment notre véritable nature.
retranscrit par Francesca du blog http://francesca1.unblog.fr/
Extrait du livre de Gregg Braden : Vérité essentielle – Activer la mémoire de nos origines, de notre histoire et de notre destinée aux Editions Ariane
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