UNE COMMUNAUTE PLANETAIRE : pas de retour en arrière
Ce n’est un secret pour personne : nous sommes devenus une société planétaire. Que nous lui donnions ce nom officiel dans les bulletins de nouvelles ou que nous en parlions comme d’une conspiration tacite sur les lignes radiophoniques ouvertes de fin de soirée, le fait est qu’elle existe. Les marchés bousiers régissant l’économie mondiale sont déjà planétaires et les transactions s’effectuent continuellement, sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre. Les produits alimentaires tropicaux vendus dans nos supermarchés en plein hivers sont cultivés à l’autre bout du monde et transportés quotidiennement jusqu’à nous par avion, par bateau et par camion. La voix qui répond au numéro que nous composons à trois heures du matin pour obtenir de l’aide concernant une réservation de voyage ou une assistance technique pour notre ordinateur provient sans doute d’un centre d’appel situé quelque part de l’autre côté du globe ;
De toute évidence, nous vison à une époque où la ligne qui nous sépare des « autres » sur le plan du commerce, de l’argent, de la technologie et même du gouvernement est devenue floue. Puisque nous sommes déjà une société planétaire, nos choix personnels dans nos foyers, dans nos familles et dans nos communautés ont des implications mondiales. La mondialisation elle-même a commencé longtemps avant que toutes ces choses soient seulement possibles. Un document de travail du Bureau national de la recherche économique, intitulé « Quand la mondialisation a-t-elle commencé » ? fut publié en 2002 par l’European Review of Economie History. Cette étude démontre que la capacité d’influencer les marchés, la main-d’œuvre et les prix des produits de consommation existe depuis près de cinq siècles. On y décrit trois degrés de mondialisation ainsi que leur impact passé ou présent sur la civilisation moderne.
- La première ère de la mondialisation fut définie par le commerce qui s’effectuait sur de grandes distances avant le XVIIIè siècle. A l’poque, les articles importés par l’Europe, en provenance d’autres parties du monde, comprenaient les épices, le sucre, la soie et d’autres produits introuvables sur les marchés locaux. Comme ces articles n’étaient pas en compétition avec ceux des marchés existants, leur présence ne créait pas de remous économiques. Par conséquent, il résultait de cette mondialisation que les gens avaient chez eux de belles et bonnes choses provenant de pays lointains, tandis que leurs voisins ne les avaient pas. l’impact de la mondialisation a cependant changé lors de sa deuxième ère.
- La deuxième ère de la mondialisation a commencé au début du XIXè siècle, lorsque l’Europe s’est mise à importer des articles tels les grains et les textiles. Comme on en produisait déjà sur les marchés européens, ces importations ont créé la pression de la concurrence des marchés pour des biens qui existaient déjà à l’intérieur. Durant cette période, la formation de nouvelles entreprises commerciales a donné naissance à de nouveaux partenariats et la concurrence a eu pour résultat la réglementation des prix.
- Nous sommes aujourd’hui dans la troisième ère de la mondialisation. Nous échangeons toujours des produits qui entrent en compétition avec ceux qui existent déjà dans une région ou un pays donné, mais une autre force modifie maintenant l’impact de la mondialisation sur notre vie. Les technologies et les compétences sont en compétition au-delà des frontières, des océans et des fuseaux horaires. Ce type de mondialisation exerce un autre genre de pression sur les marchés planétaires et sur les économies. Comme il est très différent du commerce d’objets et de denrées qui s’effectuait au cours des trois derniers siècles, il ne s’insère pas très bien dans les modèles existants de tendances et de cycles. Pour cette raison, les experts ont de la difficulté à nous dire à quel genre d’impact à long terme nous pouvons nous attendre de la mondialisation actuelle.
Nous ne savons pas exactement ce que nous réserve l’avenir de la mondialisation, mais les opinions ne manquent pas quant aux effets qu’elle a exercés jusqu’ici sur le monde. Dans un bref essai pour le magazine Newsweek, le journaliste Thomas Friedman a expliqué comment les émeutes sanglantes qui ont eu lieu lors du sommet du G8 en Italie en 2001 et de celui du G20 à Pittsburgh, aux Etats Unis, en 2009 reflétaient les craintes populaires que la mondialisation soit bonne uniquement pour les affaires et beaucoup moins avantageuse pour la population. « Mais la mondialisation n’a pas détruit le monde, elle l’a seulement écrasé » écrivait Friedman. « Et à long terme, cela peut profiter à tout le monde, spécialement aux pauvres ».
La chancelière allemande Angela Merkel semble d’accord. Lors de la cérémonie d’ouverture de la foire d’Hanovre, elle a déclaré : « On craint toujours que la mondialisation réduise notre richesse, mais je ne le crois pas. Elle peut nous être bénéfique, à condition que nous voulions investir et nous engager fermement ». Les critiques de la mondialisation voient la chose d’un tout autre œil.
Bien que Friedman et Merkel divergent d’opinion sur les détails, ils s’entendent généralement sur le fait que les contestataires craignent moins le changement du niveau de vie que le contrôle de plus en plus grand exercé par les multinationales sur la vie des gens. Plus pertinente peut-être est la crainte que l’individu moyen soit impuissant à empêcher ces compagnies de faire des choses qui soient bonnes pour leur chiffre d’affaires, mais mauvais pour l’humanité et pour la durabilité de la vie sur la planète.
A l’évidence, la mondialisation sous une forme actuelle est une arme à deux tranchants. Elle n’est pas un processus démocratique et elle est financée par ceux qui en profitent le plus ; Il est tout aussi évident qu’il s’agit d’une réalité de la vie. Nous sommes définitivement planétaires et nous ne pouvons plus revenir en arrière. S’il ne fait aucun doute que le monde des affaires, les banques et l’industrie fonctionnent maintenant comme des entités planétaires, qu’en est-il des gouvernements ? Nous dirigeons vous vers une forme de gouvernement planétaire ou, comme l’affirment certains, y sommes-nous déjà ?
retranscrit par Francesca du blog http://francesca1.unblog.fr/
Extrait du livre de Gregg Braden : Vérité essentielle – Activer la mémoire de nos origines, de notre histoire et de notre destinée aux Editions Ariane
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