Vous êtes l’amour de votre vie
Extrait d’interview : Dans votre livre J’ai besoin que tu m’aimes : est-ce vrai ? Byron Katie vous expliquez que parmi les pensées qui nous font souffrir, il y a celles qui ont trait à la quête d’amour et d’approbation…
Le plus souvent, nous pensons que l’amour et l’approbation d’autrui sont des réponses à notre bonheur. Nous croyons que nous serions plus heureux si nous vivions une relation amoureuse, trouvions un partenaire sexuel, avions un enfant, si nous obtenions plus de reconnaissance professionnelle ou gagnions plus d’argent. Et quand nous n’arrivons pas à atteindre notre but, nous nous sentons insatisfaits, en insécurité, seuls, malheureux. Dans une journée, on peut passer d’une joie extrême, après avoir reçu un compliment, au désespoir, parce que quelqu’un nous a dit des paroles blessantes.
Cette quête d’amour nous prend toute notre énergie, et occupe une grande part de nos pensées. « Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit bonjour ? », « Ai-je eu raison de lui répondre cela ? », « Que va-t-on penser de moi ? », etc.
Nous sommes sans cesse sur le qui vive, en train d’imaginer des stratégies pour recevoir des gratifications ou plaire à notre entourage… pour nous sentir aimés ! Derrière cette chasse à l’approbation d’autrui, il est important de comprendre qu’il se cache des pensées fausses, des croyances. Par exemple, je peux penser : « Si les gens ne m’apprécient pas, je ne vaux rien ». De telles croyances, liées à notre quête d’amour, nous font souffrir. C’est pourquoi il est important d’en prendre conscience et de les remettre en question. Les pensées sont comme les feuilles emportées par le vent, elles vont et viennent, elles ne nous appartiennent pas. Il s’agit de les rencontrer comme des amies, d’aimer notre histoire. Investiguer notre mental ne consiste pas à se bagarrer avec lui, à refuser la haine, la violence, la jalousie… mais à observer et à comprendre. Aimer ce qui est, c’est aimer notre état d’esprit, et l’examiner au moyen des quatre questions. L’état naturel d’un mental éveillé est la paix.
L’amour d’un mystique pour Dieu et l’amour d’une mère pour son enfant sont-ils de même nature ?
L’amour ressenti par notre ego veut quelque chose. Par exemple, si mon enfant ne va pas bien et que cela me rend malheureuse, ce que je ressens pour lui n’est pas de l’amour. L’amour est sans condition. La plupart du temps, en tant que parents, nous pensons que ce que nous ressentons vis-à-vis de nos enfants est doux, bienveillant, et qu’il s’agit d’amour. Mais cela n’en est pas, car l’amour ne recherche rien. Quand je rencontre des gens qui me disent aimer une personne, et aspirent à ce qu’elle les aime en retour, ils ne me parlent pas d’amour. C’est autre chose… L’amour véritable est inconditionnel. Quant au mystique, si dans ses prières il demande à Dieu de lui accorder quelque chose (la joie, la paix, par exemple), ou même que Dieu fasse quoi que ce soit pour lui, il n’aime pas Dieu. Je dirais même qu’il ne comprend rien au sujet de Dieu. Cela est la même chose dans une relation entre deux partenaires. Si la femme est d’accord avec son mari, celui-ci l’aime (ou vice-versa), mais si elle remet en cause l’une de ses croyances, elle devient un ennemi à ses yeux. Quand notre partenaire ne nous donne pas quelque chose que l’on attend, et que nous en souffrons, là encore ce n’est pas de l’amour que nous éprouvons pour lui. Dès que l’on croit que notre malaise est provoqué par quelqu’un d’autre, nous devenons notre propre victime. Notre partenaire est un miroir. Nous sommes responsables de notre propre souffrance et de notre propre bonheur. L’amour ne veut rien, il n’a pas de besoin. Il se suffit à lui-même. Il est complet.
Vous aimez à nous rappeler que « nous sommes l’amour de notre vie, quand personne d’autre n’est là »…
C’est vrai… Lorsque l’on cesse de rechercher de l’approbation à l’extérieur, on observe que l’on peut ressentir de l’amour pour soi-même. En faisant cette expérience, on réalise que cette approbation existe déjà en nous. L’amour est ce que nous sommes. L’amour voit que nous sommes parfaits. À quoi cela sert-il d’admirer l’amour de Jésus ou la compassion du Bouddha, tant que nous n’avons pas découvert ces qualités en nous ? Surestimer de grandes figures de l’histoire peut nous empêcher parfois de reconnaître notre grandeur. Quand notre mental projette des qualités trop loin de nous, il empêche notre propre valeur de se manifester. Le mental aime voyager dans des contrées lointaines, en dehors de lui-même, pour trouver ce qui lui manque… mais en réalité, il ne le trouve jamais. La conscience de soi nous permet de vivre une histoire d’amour avec nous-mêmes. Nous devenons alors notre propre ravissement. C’est magnifique ! Regardons comme nous sommes beaux, aimables et aimants !
Propos recueillis par Juliette Lérins du site sources : www.sources-vivre-relie.org
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